« La Grèce est hérétique parce que le soulèvement des gens ordinaires fournit un véritable espoir »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 29 mai 2010
L’hérésie des Grecs nous offre quelque espoir
John PILGER
pour le New Statesman http://www.newstatesman.com/uk-poli…
Traduction de Bernard Gensane pour Le Grand Soir
photo : « La Grèce n’est pas à vendre », sur www.johnpilger.com
Dans son dernier article publié par le New Statesman, John Pilger renverse la perception de la Grèce “pays poubelle” : le soulèvement des Grecs de la rue qui ont manifesté contre le “renflouement” d’une économie ruinée par l’évasion fiscale des riches donne à espérer. Selon lui, la Grèce est un microcosme du monde développé, où l’expression “guerre de classe” est rarement utilisée parce qu’elle est porteuse de vérité.
Au moment où la classe politique britannique prétend que le mariage arrangé des conservateurs et des libéraux-démocrates – bonnet blanc et blanc bonnet – incarne la démocratie, nous préférons, quant à nous, nous inspirer de l’exemple grec. Il n’est guère surprenant de voir la Grèce présentée non pas comme un phare mais comme un “pays poubelle”, qui n’a eu que ce qu’il méritait, vu son “secteur public pléthorique” et “sa manière d’arrondir les angles” (L’Observer). La Grèce est hérétique parce que le soulèvement des gens ordinaires fournit un véritable espoir, contrairement à celui que l’on avait mis dans le seigneur de guerre de la Maison-Blanche.
La crise qui a débouché sur le “sauvetage” de la Grèce par les banques européennes et le FMI est le produit d’un système financier grotesque, lui-même en crise. La Grèce est le microcosme d’une guerre de classe moderne, rarement nommée comme telle, et menée dans l’urgence et dans la panique par les riches de l’empire.
La singularité de la Grèce, c’est qu’en deux générations, elle a connu une invasion, une occupation ennemie, la trahison du monde occidental, la dictature militaire et la résistance populaire. Les gens ordinaires ne sont pas intimidés par le corporatisme et la corruption qui règnent dans l’Union Européenne. Le gouvernement de droite de Kostas Karamanlis, qui a précédé l’actuel gouvernement travailliste (Pasok) de Geórgios Papandreou, a été décrit par le sociologue suisse Jean Ziegler comme « une machine à piller systématiquement toutes les ressources du pays ».
Cette machine a des amis bien peu reluisants. Le comité directeur de la Banque centrale des États-Unis enquête actuellement sur le rôle de Goldman Sachs et d’autres fonds de couverture (hedge funds) étatsuniens qui ont spéculé sur la faillite de la Grèce, quand ses actifs publics étaient bradés et quand ses riches fraudeurs fiscaux avaient déposé 360 milliards d’euros dans les banques suisses. Les plus grands armateurs grecs ont transféré leurs sociétés à l’étranger. Cette hémorragie de capital se poursuit avec l’assentiment des gouvernements européens et des banques centrales.
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