26 mai 2010 – Grégory Marin
Pour l’UMP vivre plus vieux, c’est trimer plus longtemps
Le parti présidentiel s’inscrit dans la campagne de communication du gouvernement. Il se prononce pour un report à 62 ou 63 ans. La mobilisation sociale peut seule modifier la donne. La journée du 27 mai donnera un début de réponse.
La communication de l’UMP est rodée. Avant même l’ouverture, hier, lors de la convention nationale de l’UMP sur les retraites, son secrétaire général, Xavier Bertrand, livrait la clé de la réforme, dans le Parisien : « Pour l’UMP, oui, il faut accepter de travailler plus longtemps. » L’UMP, qui a attendu la sortie du document d’orientation du Parti socialiste pour décliner ses propositions, en a fait l’arrivée de son Tour de France des retraites lancé en avril.
Projet définitif vers la mi-juin
Bien que le calendrier prévoie que le gouvernement présente son projet définitif vers la mi-juin, sans surprise, la droite est restée dans le cadre imposé par Nicolas Sarkozy. Président de la République, gouvernement et état-major du parti de la majorité avaient conditionné la parole des participants avant l’ouverture des portes : l’allongement de la durée de cotisation préconisé, avec départ à la retraite à 62 minimum, voire 65 ou 67 ans, à partir de 2011, était « une évidence ».
Sous couvert de vouloir « sauver » le système par répartition, l’UMP, s’appuyant sur le document du Conseil d’orientation des retraites publié à la mi-mai, ne ferait que décrire une « réalité démographique ». Le secrétaire général du parti, Xavier Bertrand, a estimé que « d’après les progrès de la médecine, [les Français devraient] gagner encore cinq ans d’ici trente ans ». Il y a donc, claironne le ministre du Travail, Éric Woerth, « un certain bon sens à dire vivre plus longtemps c’est travailler plus longtemps ».
Empruntant leur vocabulaire à gauche, voilà les barons de droite qui biaisent pour vanter les valeurs de responsabilité, de solidarité et de justice sociale : impossible, disent-ils, de « vivre au crédit des générations futures ». Ils vont même jusqu’à vouloir faire peser la responsabilité de l’urgence de la réforme sur « les partisans de l’inaction sur cette question », explique Xavier Bertrand. Rappel : le secrétaire général de l’UMP, déjà chargé par Alain Juppé d’un Tour de France des retraites en 2003, a aussi mis en œuvre la réforme des régimes spéciaux, en tant que ministre du Travail, en 2007. Une longue expérience de détricotage des droits débutée par la réforme Balladur de 1993, rappelée hier, dont la « famille » UMP « porte la responsabilité ». « C’est une nouvelle étape », explique-t-il. Mais, promis, « pas d’idéologie, pas de démagogie », seulement de la « responsabilité ».
Le bouclier fiscal ne sera même pas égratigné
Pas de démagogie quand deux personnages clés de l’État UMP assurent vouloir relever la participation des hauts revenus à la solidarité nationale ? Ou que tous les « mécanismes » d’assurance chômage, maladie, etc., les mêmes qui sont peu à peu démantelés, seront garantis ? Et que dire aux retraités qui doivent sans doute imaginer que leurs pensions baissent, puisqu’Éric Woerth leur explique que « la France est le pays qui a revalorisé le minimum vieillesse de 25 % » (d’ici à la fin du quinquennat), avant d’assurer que « les pensions resteront indexées sur les prix » ?
Enfin, comment ne pas pouffer de rire quand Xavier Bertrand assure que pour « trouver des ressources nouvelles », ses amis s’attaqueront aux « stock-options et retraites chapeaux », pourraient instaurer « un taux de cotisation spécial hauts revenus », bien entendu sans toucher à ceux des classes moyennes ?
Dans le même temps, le secrétaire général de l’UMP assure que « ce qui est le plus symbolique n’est pas le plus efficace ». Il ne touchera donc ni aux régimes spéciaux des parlementaires, ni au bouclier fiscal. Trop « démagogique », sans doute…