Retraites : Entretien avec Bernard Thibault
Posté par communistefeigniesunblogfr le 26 mai 2010
26 mai 2010 – Entretien réalisé par Olivier Mayer
Bernard Thibault :
« On s’apprête à faire payer la crise une seconde fois aux
salariés »
Pour le secrétaire général de la CGT, la crise
provient pour l’essentiel
de la sous-rémunération
du travail humain.
Pour lui, la bataille
engagée sur les retraites
n’est pas jouée d’avance, alors que 200 rassemblements sont prévus jeudi.
Entretien.
Que vous inspirent les plans d’austérité qui se multiplient dans toute l’Europe ?
Bernard Thibault. Ces plans d’austérité sont censés être la réponse aux attaques spéculatives sur la dette souveraine de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne et plus généralement de la zone euro. Le tour de passe-passe consiste à tenter de faire oublier aux salariés que la cause principale de la brusque montée des déficits des budgets et des comptes sociaux est la crise économique provoquée par l’effondrement du système financier américain. Les discours présidentiels enflammés sur la refondation du capitalisme sont rangés aux oubliettes, les vertus de la relance par l’investissement ne sont plus de mise, place à l’austérité… pour les salariés ! Les Bourses sont elles-mêmes affolées par le resserrement drastique des dépenses publiques dont il est criant qu’il va asphyxier la croissance pourtant proche de zéro. Il s’agit en réalité de faire payer aux peuples et singulièrement aux salariés, la facture d’une crise dont ils ne sont en rien responsables. Partout en Europe les syndicats s’organisent pour combattre ces plans d’austérité qui vont encore aggraver le chômage.
La priorité du gouvernement est de combattre les déficits. Quelle est la vôtre ?
Bernard Thibault. La priorité est de sortir le pays de la crise et de créer les conditions d’une croissance saine et durable. Je remarque qu’il n’y a pas de « dérapage » des dépenses publiques comme on nous le ressasse mais essentiellement un recul des recettes fiscales par baisse de l’activité économique. Je remarque également que les dépenses qui ont augmenté sont principalement en faveur des entreprises, comme les aides de trésorerie et la suppression de la taxe professionnelle, tandis que les mesures d’économies en préparation vont toucher les salariés et les retraités. On s’apprête en réalité à faire payer la crise une seconde fois aux salariés. Ils l’ont déjà payée une première fois par la destruction de 680 000 emplois et la stagnation salariale. La masse des salaires versés en France a même baissé de 1,4 % en 2009, ce qui est sans précédent. Tailler dans les dépenses publiques et amputer les pensions de retraite ne répond donc pas à une nécessité mais à un dogme imposé par les marchés financiers et les agences de notation qui se comportent comme des milices privées au service du capital.
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