La famille d’un résistant s’émeut de la remise de la Légion d’honneur à Edouard Leclerc
Posté par communistefeigniesunblogfr le 26 avril 2010
L’Humanité – 24 avril 2010 – Emilie Rive
La rosette d’Édouard Leclerc fait des vagues
La famille d’un résistant s’émeut de la remise de la Légion d’honneur au fondateur de l’enseigne Leclerc, soupçonné de collaboration.
Le 19 février 1945, une lettre du commissaire du gouvernement de la cour de justice de Quimper au procureur de la République expliquait qu’Édouard Leclerc, incarcéré pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État », bénéficiait d’un non-lieu : « examiné au point de vue médical », le futur fondateur du géant de la grande distribution était alors reconnu « irresponsable de ses actes ».
Depuis, toute tentative pour démêler ses relations à Landerneau (Finistère), sa ville natale, avec Herbert Schaad, sous-officier allemand responsable des opérations d’un commando chargé de traquer les résistants, et son implication possible dans la dénonciation du jeune FTP François Pengam, se heurte à cette justification.
Il la ressort aujourd’hui, assortie d’une menace de plainte en diffamation parce que le journaliste Bertrand Gobin, sur son site Internet, et l’Express, dans son édition du 22 avril, reviennent sur cette affaire. Le certificat médical aurait été délivré par un ami du père d’Édouard Leclerc, chargé de l’organisation de l’aide alimentaire et ayant des relations au comité départemental de libération du Finistère, ce qui en ferait un certificat de complaisance. L’Express revient sur les procès-verbaux de l’audition par les services de renseignement de la Résistance dans lesquels Édouard Leclerc, dix-sept ans à l’époque, précise : « J’ai été questionné par Schaad, je lui ai donné la liste des chefs directeurs de l’Office central, parmi lesquels se trouvaient Messieurs H…, Pengam, L… ».
Dans un courrier adressé à la grande chancellerie de la Légion d’Honneur, la famille de François Pengam*exprime son « profond désarroi devant la remise de la Légion d’honneur à M. Édouard Leclerc le 14 décembre à l’Élysée ». Elle poursuit, par ailleurs, ses recherches sur la disparition du corps du jeune homme, fusillé le 27 mai 1944, décoré de la croix de guerre avec palmes, ainsi que de la médaille de la Résistance.
*François Pengam, dont le corps n’a jamais été rendu à la famille, avait dix-neuf ans quand il a été arrêté, le 21 mai 1944,
à Landerneau, sur dénonciation, et fusillé le 27 mai. Il était entré dans la Résistance en novembre 1942 et avait rejoint un groupe
des Francs-tireurs et partisans (FTP) où il organisait distributions
de tracts et opérations de sabotage. Sa famille a créé un site Internet :
http://francois.pengam.1944.free.fr/ , pour tenter d’en savoir plus.
Bertrand Gobin – 19/20 Bretagne – 23 avril 2010
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