L’Espagne doit s’atteler à « un juste travail de mémoire »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 23 avril 2010
L’Espagne face à ses vieux démons
Les attaques contre le juge Garzon, traîné sur le banc des accusé par l’extrême droite pour avoir voulu enquêter sur les crimes du franquisme, font resurgir le débat sur la mémoire.
Madrid, envoyée spéciale.
Regards curieux, surpris, énervés… L’image de Franco, main levée, frappée d’un « Impunité pour le franquisme ? Non merci » dans la rue San Bernardo attire l’œil des passants. Depuis plus d’une semaine, l’université Complutense de Madrid s’est transformée en une agora où célèbres et anonymes plaident pour la justice universelle. Première, deuxième, troisième générations d’Espagnols viennent soutenir le juge Garzon, symbole, peut-être même malgré lui, du combat pour la vérité. Lui, qui pour avoir voulu enquêter sur les crimes franquistes, devrait être suspendu d’ici peu.
« Ce pays a vécu quarante ans de propagande bestiale qui a imprégné toute la société, aujourd’hui, nous cherchons à canaliser l’indignation », commente Ivan Aparicio, un jeune trentenaire militant de la récupération de la mémoire historique. Car, trente-cinq ans après la mort du caudillo, point de départ du retour à la démocratie, l’Espagne refuse de regarder son passé en face. La transition démocratique a dû en passer, entre autres, par la loi d’amnistie de 1977, qui a verrouillé l’histoire du XXe siècle : la République, le coup d’État, la dictature et ses tueurs. « Notre génération ne peut pas vivre dans un pays amnésique qui prive des milliers de familles des victimes de la dictature du droit de savoir et de dénoncer », poursuit Ivan.
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sur l’humanité.fr :
Pour Juan Carlos Monedero, professeur de sciences politiques à l’université Complutense de Madrid, la transition au lendemain de la mort de Franco a scellé un pacte de silence amené à exploser.
Par Miguel Angel Rodriguez Arias, universitaire, initiateur de l’avant-projet de loi Vérité, justice et réparation pour les victimes du génocide franquiste.
Les initiatives de soutien et judiciaires se multiplient dans la péninsule et à l’étranger.
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Extrait :
Mais au-delà du cas du juge Garzon, beaucoup dénoncent ce qui sonne comme une interdiction de juger le franquisme. Emilio Silva est le président de l’Association pour la récupération de la mémoire historique, une organisation de soutien aux parents des disparus. «Il ne faut pas s’y tromper, assure-t-il, l’affaire Garzon ne s’explique pas que par de banals règlements de comptes. Cette affaire a d’abord des fondements politiques: on veut empêcher que soit instruit le procès du franquisme. Si l’on veut faire taire Garzon, c’est parce qu’il était jusqu’à présent le seul juge à avoir osé demander justice pour des familles dont on a bafoué les droits pendant 70 ans. Or si Garzon ne peut pas juger le franquisme, alors qui va le faire?»
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