Tremblay : Entretien avec François Asensi, son maire et député communiste
Posté par communistefeigniesunblogfr le 4 avril 2010
3 avril 2010 – Entretien réalisé par Grégory Marin
Tremblay. François Asensi « L’État doit répondre à l’urgence sociale »
Au lendemain des violences qui ont éclaté à Tremblay, François Asensi, son maire, et député communiste, estime que les leçons de 2005 n’ont pas été tirées.
La couverture des médias correspond-elle à la réalité ?
François Asensi. La ville a vécu l’incendie d’un bus par une trentaine de jeunes, un acte criminel inacceptable qui fait suite au démantèlement d’un important réseau de stupéfiants et à un reportage racoleur de TF1. Je ne découvre pas ce problème, que j’ai dénoncé à plusieurs reprises, publiquement et auprès des autorités. Les jeunes voient leurs parents se lever tous les jours, travailler durement et ne récolter que la précarité et les bas salaires. Le trafic représente pour eux l’argent facile. La population est surtout choquée par le traitement médiatique unilatéral réservé à Tremblay, dont les reportages de TF1, mais également du Monde sont l’expression. Je ne fais pas le procès de la presse, et je respecte le métier de journaliste parfois difficile. Simplement je déplore que certains médias ne s’intéressent aux quartiers populaires que lorsque des violences s’y produisent. Tremblay est une ville agréable, avec un formidable dynamisme associatif, sportif et culturel. L’immense majorité de sa population n’aspire qu’à vivre en paix. Mais les images « de voitures qui brûlent font plus d’Audimat qu’un reportage sur la solidarité. Les habitants me le disent : ils se sentent trahis et salis par l’image déformée renvoyée par TF1.
Nicolas Sarkozy a reçu les chauffeurs de bus. Récupération politique ?
François Asensi. Non, le ministre de l’Intérieur est dans son rôle lorsqu’il se rend sur le terrain pour rencontrer les policiers. J’ai moi-même été le premier à féliciter les policiers et le commissaire de Villepinte de leur remarquable investigation. Chacun connaît mon désaccord profond avec la politique sécuritaire du gouvernement qui tente de rallier l’électorat le plus extrême. Et je ne partage pas du tout le langage guerrier qui est utilisé. Ces propos vont dans le sens d’une stigmatisation des habitants des quartiers populaires. Je refuse que l’on fasse l’amalgame entre une poignée de délinquants et la jeunesse qui se donne les moyens de réussir en étudiant et en travaillant dur, malgré des conditions de vie parfois difficiles.
Qu’attendez-vous de l’état ?
François Asensi. L’État doit répondre à l’urgence sociale qui s’exprime. Plus que d’actions coup de poing, nous avons besoin d’un renforcement des services publics et de moyens humains et matériels pour que la police républicaine lutte contre les réseaux mafieux. Les leçons de 2005 n’ont pas été tirées, et l’égalité républicaine reste bafouée. Les inégalités criantes prospèrent à l’intérieur du Grand Paris, avec un revenu moyen par habitant à Sevran 4 fois inférieur à celui de Neuilly.
Dans le centre-ville de Tremblay, tous les indicateurs sociaux sont au rouge et pourtant notre dossier Anru a été rejeté. Cette situation est incompréhensible. Les critères d’éligibilité de la politique de la ville doivent être revus pour améliorer la vie des habitants de ce quartier.
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