Plume de presse – 31 mars 2010 – par Olivier Bonnet
Régionales : la Ligue du Nord étend son ombre verte
Vent mauvais sur l’Italie
Alliée à Berlusconi depuis 2001, l’extrême droite poursuit sa montée en puissance
Le constat de L’Humanité, basé sur les chiffres, est implacable :
« Sans la progression de l’extrême droite, Silvio Berlusconi ne serait pas sorti vainqueur des régionales italiennes. Sa formation, le Peuple de la liberté (PDL), n’obtient que 26,7%, soit 6,6 points de moins qu’aux législatives de 2008. Mais la progression de son alliée, la Ligue du Nord (LN), lui assure la victoire dans les régions septentrionales. Cette formation xénophobe et séparatiste pèse aujourd’hui 12,7% des voix, contre 9,5% en 2008. »
Libération confirme : « la Ligue du Nord sort grande gagnante du scrutin« , comme L’Express, qui la qualifie de « grand vainqueur des élections italiennes« . Ainsi, derrière Silvio Berlusconi s’avancent les chemises vertes. Avant de lui passer devant, comme sur la photo ci-dessus où le tribun de la Lega Nord, Umberto Bossi, figure au premier plan, avec un cavaliere tout sourire derrière lui ? « C’est moi, l’arbitre de la situation« , triomphe Bossi.
A la faveur de ces élections, son parti « obtient pour la première fois de son histoire les présidences régionales de la Vénétie et du Piémont« , expose Le Monde. Le riche Piémont, dont Turin est la capitale, avec ses 25 400 km² pour 4 291 000 habitants - dixit Wikipedia - est la deuxième plus grande région d’Italie (après la Sicile) ! Parlant de « triomphe« , le quotidien évalue l’ensemble des forces de la formation d’extrême droite : « La montée en puissance de la Ligue, forte d’une soixantaine de députés, de 350 municipalités et de 14 provinces, lui a déjà valu quatre ministères lors de la formation du gouvernement, en 2008. Force d’appoint des victoires du PDL, la Ligue est devenue une formation pilier. »
Grâce à sa victoire aux régionales, elle revendique désormais la mairie de Milan. Xénophobe, séparatiste et populiste sont les termes couramment utilisés pour la qualifier. Mettons les points sur les i : il s’agit de fous furieux !
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Un coup d’oeil au journal ou à la propagande électorale de la Ligue du Nord parachève la démonstration : l’extrême les droite italienne décomplexée est encore pire que notre Front national ! Il faut se souvenir qu’au plus fort de sa puissance, ce dernier n’a jamais contrôlé « que » quatre ville du Sud de la France (terre de racisme), avec des scores électoraux comparables au plan national – voire plus élevés.
La leçon à en tirer nous semble claire : voilà où conduit l’alliance entre droite parlementaire et extrême droite. A méditer du côté de l’UMP, si jamais la minorité présidentielle, de plus en plus aux abois, cédait d’aventure à la tentation, hypothèse qui ne paraît pas invraisemblable.
L’autre enseignement concerne l’opposition, parfaitement résumée par le patron du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, s’exprimant à propos des primaires proposées par le PS : « Si c’est pour régler le problème de la diversité à gauche par un système de primaires, les socialistes ne se rendent même plus compte de l’énormité de leur prétention ! Une élection se gagne par des dynamiques, pas par des procédés administratifs. Pas question qu’une toute petite partie de l’opinion fixe le plus petit commun dénominateur des forces de gauche avant même qu’ait commencé une campagne contre la droite. On a vu le résultat tragique de cette méthode en Italie : toute la gauche officielle a rendu les armes au centre gauche, qui les a rendues à la droite. Résultat, il n’y a plus un élu de gauche au Parlement. Le but des socialistes, c’est de niveler autour d’eux ; le nôtre, c’est d’additionner. »
Nous l’écrivions encore récemment et la situation italienne l’illustre à merveille : face à la droite et plus encore à son extrême, l’alliance au centre est une impasse. Pour mettre fin notamment à l’hémorragie du vote ouvrier, il convient d’afficher haut et fort ses couleurs et de défendre ses valeurs : à gauche toute !
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