« La mort d’un salarié coûte 3 750 euros »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 17 mars 2010
L’Humanité – 16 mars 2010
La mort d’un salarié coûte 3 750 euros
Par Michel Bianco
Une justice du deux poids, deux mesures ?
Cynisme et frustration, voilà comment je caractérise le verdict de la cour d’appel d’Aix-en-Provence.
En effet, elle confirme le jugement de première instance du tribunal de Grasse à six mois de prison avec sursis et 3 750 euros d’amende pour le responsable de la « Maintenance de Paris », l’agence TFN (Technique française du nettoyage) de Nice. Ce jugement est le reflet du cynisme et de la banalisation par nos élites politique, économique et médiatique de la mort au travail. La justice ne faisant qu’accompagner cette guerre économique qui justifie deux morts par jour d’accidents du travail dans notre pays. Pour eux, la mort d’un salarié, ça coûte 3 750 euros. Frustration car, dès le début de la procédure, le procureur a orienté son enquête sur deux personnes dont les responsabilités étaient évidentes. Le responsable administratif de Galderma Research & Development, condamné en première instance à quatre mois de prison avec sursis et une amende de 3 750 euros, l’entreprise Galderma étant condamnée, elle, à 10 000 euros d’amende. Ils n’ont pas fait appel. Et le chef de l’agence TFN de Nice, dont la condamnation a été confirmée par la cour d’appel aujourd’hui.
Et pourtant, dès la remise du chantier, tout le monde savait que les garde-corps en étaient absents. En ne menant pas d’investigations en direction des concepteurs du bâtiment et des organismes de contrôle, toute la lumière n’a pas été faite sur les conséquences dramatiques de cette faute.
Enfin, que dire du deux poids, deux mesures, avec d’un côté la condamnation de l’entreprise Galderma et, de l’autre, le fait que la responsabilité morale de la firme TFN, qui emploie 4 500 salariés, n’a jamais été retenue. Elle se trouve ainsi, en tant qu’employeur, exonérée de toute responsabilité dans le décès de mon fils Jérôme. Au final, c’est le dernier engrenage de la hiérarchie, le chef de l’agence de Nice, qui est condamné.
Vous comprendrez ma colère quand j’apprends que, le 24 juin 2009, Franck Julien, PDG de TFN, s’est vu remettre la médaille de l’Ordre national du mérite par M. Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale.
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