Solidarité : tirer toutes les leçons de Xynthia
Posté le 4 mars, 2010 par Patrick Le Hyaric
Un beau nom Xynthia pour désigner une meurtrière. Conjonction d’une forte tempête et d’une marée d’ampleur exceptionnelle, Xynthia a frappé au Portugal, en Espagne, en Belgique, en Allemagne, en France. Sur son passage, elle a semé douleurs, désolations, destructions et mort.
Des milliers d’habitants de l’Ouest du pays ont eu à subir durement sa violence. Elle a donné une telle force à l’océan qu’il a enjambé des digues, fait entrer la mer par les fenêtres des maisons. Que les familles qui y ont perdu l’une ou l’un des leurs, que celles et ceux qui ont subi des dégâts, trouvent ici l’expression de notre totale solidarité et de notre compassion. Une fois de plus la solidarité humaine a été forte. Le dévouement des élus locaux, des pompiers, des salariés des services publics a été admirable.
Au moment où on parle tant, à juste titre, de la protection de la nature, il ne faut pas oublier que depuis la nuit des temps celle-ci n’a cessé de se rebeller à intervalles réguliers, jusqu’à tuer des êtres humains. On le voit ici. On l’a vu il y a quelques semaines à Haïti. On le voit encore au Chili ou au Japon.
Seulement dans chacun des cas, les dégâts, les destructions de vies humaines sont plus ou moins importantes selon la qualité, la solidité des habitations et des équipements, la puissance, la qualité de l’État et des services publics. Ce qui se passe dans les départements de l’Ouest de la France est douloureux. Ce le serait encore plus si on suivait les prêtres de l’orthodoxie libérale qui veulent jeter par-dessus bord, dans les eaux glacées d’un océan ultra libéral sans digue, tout à la fois l’État et ses services décentralisés, les collectivités territoriales, les services publics dont ceux d’EDF, de la santé, de l’équipement, de la Poste, de la protection civile, des pompiers. Ajoutons que la recherche du profit à tout prix, à courte vue, conduit trop souvent à négliger la qualité d’équipements dont font partie les digues; à ne pas respecter les zones susceptibles d’être inondées ou encore à bétonner le pourtour des côtes pour satisfaire les promoteurs immobiliers. Une fois encore on mesure à quel point l’ultralibéralisme et le temps court du capital sont incompatibles avec la sécurité de vie des personnes.
Nous ne pourrons nous satisfaire du survol des dégâts et d’un déplacement du Président de la République dans l’un de ces départements. Il faut absolument obtenir des actes clairs, avec les moyens financiers correspondant aux nécessaires réparations collectives et individuelles. Nous ne saurions trop y insister lorsque l’on sait que les dégâts des précédentes tempêtes, notamment dans les Landes en décembre 1999 ne sont toujours pas remboursés.
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