« La gauche pas encore tirée d’affaire »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 25 février 2010
L’Humanité – 25 février 2010 - Sébastien Crépel
La gauche pas encore tirée d’affaire
Si la défiance envers la droite pourrait profiter à la gauche aux régionales, celle-ci a besoin d’un projet alternatif pour retrouver une crédibilité encore faible dans l’opinion.
Le climat de défiance envers la politique de Nicolas Sarkozy fait le jeu de la gauche, créditée d’une large avance aux élections régionales. Si celle-ci a raison de s’en réjouir, elle aurait tort de s’en satisfaire. Et pour cause : un sondage indiquait récemment son faible crédit dans l’opinion pour mener une politique différente de la droite. Pour 64 % des Français, la gauche ne ferait pas mieux si elle était au pouvoir, selon le baromètre Ifop pour Paris Match du 9 février. Le 15 février, une autre étude, signée OpinionWay pour le quotidien Metro, révélait que, si seul un Français sur cinq fait confiance au gouvernement pour sauvegarder le système des retraites, ils sont encore moins nombreux (14 %) à croire en « l’opposition de gauche ». Un résultat qui illustre le décalage entre les propos de Martine Aubry ouvrant la porte au report de l’âge de départ à 61 ou 62 ans et des Français très majoritairement attachés au maintien de la retraite à 60 ans (65 % prêts à se mobiliser selon CSA pour l’Humanité de mardi). Le risque serait alors de nourrir la désillusion à deux ans de la présidentielle, et de laisser le champ libre à Nicolas Sarkozy en 2012.
La substitution dans la campagne des élections régionales du jeu des « petites phrases » à l’authentique débat de projets attendu risque d’accentuer encore ce décalage, avec une abstention record annoncée à ce scrutin (46 % l’envisagent, selon l’Ifop pour Sud Ouest Dimanche). Les nominations au Conseil constitutionnel par Nicolas Sarkozy de l’ex-PS Michel Charasse, et plus encore du député fabiusien Didier Migaud à la présidence de la Cour des comptes, dans l’intention évidente de brouiller les pistes, pourrait bien faire grandir ce rejet. Tout comme l’appel de dix-sept personnalités socialistes (Libération de mardi) qui remettent le couvert d’une « vaste coalition » de la gauche avec une partie de la droite (Modem, villepinistes) sans contenu autre que l’antisarkozysme, dont on a vu l’impasse au second tour de la présidentielle de 2007 avec les appels du pied de Ségolène Royal à François Bayrou.
À Dunkerque, les salariés de Total en lutte qui ont reçu la tête de liste du Front de gauche dans le Nord, Alain Bocquet (l’Humanité d’hier), ont dit au contraire leur exigence d’une gauche qui s’assume en reprenant le pouvoir aux grands groupes et aux actionnaires. Mais, pour cela, la gauche a besoin de propositions concrètes marquant sa rupture avec le libéralisme de la droite, et non d’« un concours de boules puantes », selon Pierre Laurent, tête de liste du Front de gauche en Île-de-France, pour qui « il est grand temps de revenir à un débat de fond ».
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