Toyota a sacrifié la qualité de ses produits à la recherche du profit
Posté par communistefeigniesunblogfr le 19 février 2010
Solidarite Internationale PCF – 16 février 2010
Derrière le rappel des voitures Toyota… le toyotisme en action :
précarité et gel des salaires, course aux profits et délais démentiels
Derrière le rappel des voitures Toyota…
Le mythe du toyotisme vole en éclats
Article paru dans Akahata, quotidien du Parti Communiste Japonais, du 6 février
Traduction et titres par MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Le rappel massif des automobiles Toyota par la direction de l’entreprise a choqué le monde entier. Sasaki Shozo, chercheur sur le mouvement ouvrier, a rédigé un article dans le Akahata du 5 et du 6 février. En voici un extrait:
Toyota vient de rappeler plus de 10 millions de véhicules de 21 modèles différents, dont la Prius, commercialisés dans le monde entier, y compris aux Etats-Unis, en Europe, au Canada et en Chine.
On entend dire que l’origine des défauts constatés serait à chercher simplement dans des défauts de conception et des problèmes de qualité. Le fournisseur de pièces détachées américain de Toyota en est responsable, dans une certaine mesure. Cependant, c’est Toyota elle-même qui doit assumer la responsabilité de cette incapacité à garantir la sécurité de ses produits, ce qui l’a emmenée à continuer à produire des véhicules défectueux. Dès que le premier défaut avait été trouvé, il aurait fallu prendre les mesures adéquates et renforcer les dispositifs de sécurité.
La cause sous-jacente, en fait, se trouve être la contradiction entre « la production de véhicules de qualité » et l’accent mis sur « la réduction des coûts », dans le cadre d’une compétition pour la place de premier constructeur automobile mondial.
Malgré plus de 13 milliards de yen [100 milliards d'euros] dans ses réserves internes, la direction a gelé les salaires et a remplacé les travailleurs en CDI à temps plein par des travailleurs temporaires, prenant prétexte de la concurrence internationale. Elle a réussi à exporter des véhicules à bas coût avec ses efforts de réduction drastique des coûts, afin d’augmenter les profits. En revanche, elle a ignoré la nécessité d’alimenter la demande intérieure et la consommation individuelle.
Les profits d’abord
Même dans les usines à l’étranger, la priorité absolue était la mise en place de mesures de réduction des coûts. La cause des problèmes que rencontre Toyota actuelle est à chercher dans ce mépris de l’entreprise pour la nécessité de garantir la qualité des produits ainsi que la sécurité du client.
Toyota affirme qu’en s’appuyant sur sa philosophie du « consommateur d’abord », elle développe et fournit des produits et des services sûrs et d’une qualité optimale. Et en ce qui concerne les responsabilités sociales de l’entreprise, Toyota déclare qu’elle fait de la sécurité des produits une priorité absolue. Une question de vie ou de mort.
Toutefois, par sa politique réelle des « profits élevés d’abord », Toyota ignore sa propre philosophie d’entreprise et la responsabilité sociale qu’elle prétend remplir. C’est cette attitude qui a mené au rappel de plusieurs millions d’automobiles.
Un changement des modes de gestion dans l’entreprise est nécessaire
Toyota devrait s’efforcer de regagner la confiance que mettent les consommateurs japonais et étrangers dans la sécurité des véhicules Toyota.
A cette fin, il faut que Toyota change radicalement sa stratégie d’entreprise de réduction des coûts, avec comme objectif de réaliser des profits élevés. Elle devrait augmenter les salaires des ouvriers et améliorer leurs conditions de travail, embaucher avec des contrats stables les travailleurs temporaires et les traiter de la même manière que les autres travailleurs de l’entreprise, et enfin garantir des prix stables pour les filiales et les sous-traitants. En d’autres termes, Toyota devrait enfin remplir ses responsabilités sociales.
C’est comme cela que Toyota pourra produire des automobiles sûres et de qualité, et regagner une légitimité nationale et internationale. Cela contribuera par ailleurs à stimuler la demande intérieure et à relancer les économies locales et nationales. Pour remplir cet objectif, Toyota doit reverser à la société une partie de ses profits et de ses réserves internes.
Ce que doit faire le gouvernement, c’est prendre l’initiative d’exiger des grandes entreprises qu’elles remplissent enfin leurs responsabilités sociales.
Brève complémentaire:
Un ingénieur qui a participé au développement et à la conception dans une filiale de Toyota a souligné que le laps de temps avant qu’une nouvelle voiture arrive sur le marché, le time-to-market, est de plus en plus court.
Il a déclaré à un reporter de Akahata: « Si Toyota avait pris le temps nécessaire pour mener des tests de conduite, des torture tests, des crash tests, et d’autres tests permettant d’évaluer la capacité d’un produit à endurer des conditions extrêmes, l’entreprise aurait découvert les défauts des voitures nouvellement produites. Parce qu’il est difficile de déterminer, par exemple, la résistance réelle à l’impact et les problèmes concernant la pédale d’accélérateur et le système de freinage seulement par des tests de simulation électronique, les développeurs doivent vérifier chaque élément du véhicule avant de mettre un nouveau produit sur le marché. Cependant, le développement à court-terme est la norme désormais. Ils ont des contraintes de temps et doivent respecter des délais de développement. »
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