Retraites : « Qui sont les archaïques ? »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 16 février 2010
Qui sont les archaïques ?
Pour maintenir la retraite à 60 ans, il faut cesser d’épargner le patronat… « Sacrilège ! » s’écrie la droite, « archaïque ! » sussurrent les sociaux-libéraux.
Par Patrick Apel-Muller
« Mon ambition, assurait Nicolas Sarkozy il y a quelques semaines, serait qu’on règle le problème des retraites dans le courant de l’été. » Le président a dû renoncer, hier, à imposer sa réforme dans la torpeur des vacances estivales. Mais c’est pour la programmer début septembre. Là s’arrête le souci de concertation présidentiel : à une modification de calendrier qui vise toujours à couper l’herbe sous le pied aux mobilisations sociales, en s’éloignant des élections régionales pour que le sujet n’en devienne pas un enjeu. Cela n’a pas échappé à Bernard Thibault, qui remarquait hier : « Il ne faut pas perdre de temps pour que les salariés prennent la parole sur le sujet s’ils ne veulent pas voir de nouveaux sacrifices se présenter devant eux. » Et ils ne le souhaitent pas puisque 59 % d’entre eux refusent de cesser le travail après 60 ans ! La droite bute sur cet obstacle. Elle tente par tous les moyens d’éroder la résolution de l’opinion. D’étranges sondages sont mitonnés pour transformer la question « Voulez-vous partir après 60 ans » en « Quand pensez-vous pouvoir partir ». Un ballet d’experts qui se succèdent sur les plateaux télé – mais jamais un journaliste de l’Humanité, sur le service « public » comme sur les chaînes privées… – pour ressasser les revendications du patronat qui tiennent en un mot : faire payer l’addition aux salariés.
Les deux moyens qui permettraient sans coup férir d’assurer l’avenir du système de retraite par répartition en maintenant les acquis sociaux et en augmentant les pensions sont soigneusement masqués. Premier remède efficace, la réduction du chômage, de la précarité et des bas salaires. Ainsi, très vite, l’équilibre serait retrouvé. Le second, qui fait trembler d’un même frisson Xavier Bertrand de l’UMP et Laurent Joffrin de Libération, c’est de taxer les revenus financiers des entreprises en fonction de leur politique d’emploi et d’investissement. Même prescrite à dose modérée, cette ordonnance fournirait les 70 à 100 milliards d’euros qui manquent à l’appel. Auparavant, les entreprises finançaient la protection sociale et les retraites à la même hauteur que les salariés et ne mettaient pas la clé sous la porte pour autant. Le retour à cette parité réunirait l’efficacité, la justice et le progrès social. Mais, pour cela, il faut cesser d’épargner le patronat… « Sacrilège ! » s’écrie la droite, « archaïque ! » susurrent les sociaux libéraux.
Les Français ont de multiples moyens de faire entendre leur voix. Les organisations syndicales se sont réunies hier soir pour examiner les modalités d’actions communes. Les salariés électeurs ont également un moyen immédiatement efficace de peser sur les choix en matière de retraite, en faisant aussi des élections régionales un référendum contre les projets de la droite. Plus cette dernière sortira affaiblie de ce scrutin et moins elle pourra imposer de mesures régressives au pays. Un premier round de la bataille pour sauver la retraite à 60 ans se joue là. Puisque tous les sondages donnent l’UMP battue et que, face à cette offensive, le PS se montre très et trop ambigu, le vote Front de gauche sera le plus clair et le plus efficace. Il aura un effet d’entraînement sur toute la gauche pour qu’elle s’engage fermement dans toutes les actions contre les projets gouvernementaux.
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