Migrants Calais : « Ce que Sarkozy a raté à Sangatte, Besson veut le réussir à Calais… »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 9 février 2010
Après avoir fait expulser de force les migrants qui s’étaient réfugiés dans le Hangar Kronstadt, la mairie UMP de Calais a décidé la réouverture, hier, de ce lieu en raison du grand froid qui sévit sur la région.
capture d’écran
Article paru dans l’Humanité du 8 février
Des migrants encerclés à Calais
Peu après l’inauguration d’un hangar associatif, samedi soir, une centaine de clandestins ont été cernés par la police, puis expulsés dimanche après-midi.
« Nous ne voulons pas recréer un nouveau Sangatte. Nous voulons faire de ce hangar un lieu politique et culturel de résistance, de dénonciation des violences policières et de protection des migrants », explique Valentin, un des occupants joint au téléphone. Depuis samedi, l’inauguration pacifique et festive de cet espace de 600 mètres carrés, loué par SOS soutien ô sans-papiers, a tourné au siège. Vers 17 heures, les concerts et les débats commencent. En fin d’après-midi, les migrants sortent pour aller chercher les repas distribués 400 mètres plus loin. Lorsqu’ils reviennent, à 20 heures, une quinzaine de policiers encerclent le hangar et bloquent son entrée. Dans la nuit de samedi à dimanche, les migrants restés à l’extérieur forcent l’accès et parviennent à rejoindre la vingtaine de militants et la cinquantaine de migrants restés à l’intérieur. « Les policiers ont tenté de les convaincre de sortir en leur promettant de ne pas les arrêter, raconte Valentin, militant de l’association No Border. Sauf qu’ils n’ont aucune confiance. Il y a quelques jours à peine, les policiers démontaient des tentes pour les jeter à la déchetterie et procédaient à des arrestations. »
un enjeu politique
Depuis le démantèlement de la jungle, Éric Besson a fait de Calais un symbole de la lutte contre l’immigration clandestine. « Calais est une zone de non-droit. Les migrants n’ont pas une seconde de répit. C’est une chasse à courre permanente », s’insurge Jean-Pierre Leclerc, président de l’association Salam. Dimanche matin, devant les soixante-quinze CRS appelés en renfort, la maire de Calais (UMP), Natacha Bouchart, a affirmé son intention de « signer un arrêté d’expulsion » et a demandé à l’État que « dans les 24/48 heures le problème soit réglé ». Au milieu d’un quartier bouclé, des groupes de migrants ont quitté le hangar pour manger en début d’après-midi. À 16 h 30, la police est entrée « de force » pour faire évacuer les lieux, selon une militante de No Border, alors qu’il n’y avait plus de migrants à l’intérieur. Les raisons d’une telle occupation sont simples pour Valentin : « Ils sont harcelés par la police. Ils n’ont rien à perdre. » Selon Jean-Pierre Leclerc de Salam, Calais représente un enjeu politique de taille : « Ce que Sarkozy a raté à Sangatte, Besson veut le réussir à Calais. C’est sans doute ce qui explique un tel acharnement sur cette ville et ce qui explique aussi pourquoi on ne parle jamais d’expériences alternatives, comme à Grande-Synthe, près de Dunkerque, où des tentes chauffées ont été installées depuis deux ans avec un plancher, du chauffage et de l’eau. » Pour l’ensemble des associations de terrain, cette nouvelle démonstration de force policière prouve que les problèmes de précarité extrême des migrants sont loin d’être résolus.
Ixchel Delaporte
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