Deux grandes voix du Théâtre s’en sont allées
Posté par communistefeigniesunblogfr le 4 février 2010
A quelques jours d’intervalle, Pierre Vaneck et Georges Wilson ont tiré leur ultime révérence.
Pierre Vaneck :
« Une personnalité humainement très rare, un acteur délicieux » (Yasmina Reza)
Pierre Vaneck s’est éteint le 31 janvier à l’âge de soixante-dix-huit ans, des suites d’une « opération cardiaque qu’il n’a pas supportée », selon les termes de Marie-Laure Munich, son agent, qui salue en lui « un immense acteur de théâtre et un homme d’une grande humanité ».
Sur l’écran, grand ou petit, comme à la scène, il a été exemplaire dans tous les registres de son métier qu’il a, si dignement, jusqu’à la fin, pratiqué tel un art.
La liste des films dans lesquels il a été impliqué, tant comme acteur principal que comme second rôle, ne laisse pas d’être impressionnante. Idem pour ses prestations à la télévision. Quant à la scène, des salles privées à celles de la décentralisation, on peut dire qu’il n’a jamais cessé d’y faire son entrée. C’est ainsi que Pierre Vaneck a vécu son existence tout entière au sein de son métier pratiqué comme un art.
Acteur sobre et sûr, Pierre Vaneck, parfait gentleman, aussi expert dans le registre grave, voire tragique, que dans la légèreté, a largement mérité la gratitude du public.
« Ce qui m’impressionnait chez Pierre, c’était cette extraordinaire faculté d’incarner et d’intérioriser. Beaucoup de comédiens sont dans la démonstration. Lui était dans l’incarnation ». (Pierre Arditi)
Vidéo : http://www.dailymotion.com/video/xc26ds_hommage-a-pierre-vaneck_news
Georges Wilson :
Un immense comédien, toujours « debout pour le combat » du Théâtre
Il succéda à Jean Vilar, fondateur du TNP en 1963, avant de reprendre sa liberté en 1972, en qualité de comédien et de metteur en scène pour connaître maints succès dans le domaine du théâtre privé. Georges Wilson s’est éteint le 3 février à l’âge de quatre-vingt-huit ans.
En septembre, il jouait encore. C’était aux Bouffes-du-Nord, dans Simplement compliqué, de Thomas Bernhard. Il signait aussi la mise en scène. Cette peinture d’un vieillard hypocondriaque, retranché du monde après avoir consacré sa vie au théâtre, semblait évidemment faite sur mesure pour lui, tout comme l’auteur l’avait bâtie en son temps pour le vieil acteur allemand Minetti. Épousant à la perfection cette partition de misanthrope irascible, sauf à l’instant où une fillette lui apportait du lait – que le personnage ne supporte pas bien sûr –, Georges Wilson s’offrait donc le luxe d’une interprétation quasi testamentaire, dotant cet adieu aux armes du théâtre d’une densité peu commune d’humanité. (Jean-Pierre Léonardini, l’Humanité)
En 1963, il prend la direction du Théâtre National Populaire, à la suite de Jean Vilar.
« Durant tout ce temps, « artisan » de la scène, « funambule de la poésie » comme seuls le Front populaire, puis la Libération ont su en produire, il se fera le chantre d’un théâtre de service public, c’est-à-dire exigeant et populaire, dépoussiérant les classiques (Molière le tout premier) mais surtout créant des auteurs contemporains mal aimés ou méconnus alors : Martin Walser, Durrenmatt, Brecht et surtout Edward Bond qu’il est un des tout premiers à révéler en France avec Early Morning en 1970… » (Didier MEREUZE, La Croix)
Article : http://www.humanite.fr/Mort-de-Georges-Wilson-qui-fut-d-abord-le-second-de-Vilar
Vidéo (archives INA) : http://www.ina.fr/art-et-culture/cinema/dossier/1591/georges-wilson.20090331.CAF97519811.non.fr.html
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