Jeunesse : Génération sacrifiée ?
Posté par communistefeigniesunblogfr le 18 janvier 2010
L’HUMANTÉ – 18 janvier 2010 – GRÉGORY MARIN
Jeunes précaires, un sous prolétariat
Ils mettent entre huit et onze ans à décrocher un CDI. Peu ou pas payés, les jeunes en intérim, CDD ou stagiaires, vivent dans la plus grande précarité. Pour faire pression sur l’ensemble du salariat, gouvernement et patronat tentent de les y maintenir.
Une série d’enquêtes toute la semaine dans l’Humanité. (1/5)
« La jeunesse est discriminée économiquement, désocialisée culturellement et sous-représentée politiquement. » Le ton est donné par Olivier Galland, chercheur du groupe d’études des méthodes de l’analyse sociologique, dans le Journal du CNRS de septembre 2009 qui consacrait un dossier à « la longue route vers l’âge adulte ». Il existe une catégorie pour qui cette route est encore plus longue. « 1,7 million de jeunes vivraient dans cette “zone grise” de la précarité », estime Mathieu Angotti, directeur du département évaluation du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc). La dénomination « jeunes précaires » englobe les 18-25 ans, étudiants- salariés, salariés à temps partiel, en CDD, intérimaires, diplômés, voire surdiplômés en stage rémunérés 30 % du smic ou non, etc. Les catégories se superposent mais la réalité est toujours la même : la galère.
Benjamin Pruvost, la vingtaine, travaille en intérim depuis qu’il a dix-huit ans. En septembre, il témoignait dans l’Humanité de la précarité de cette situation, qu’il a pourtant choisie. « Vous vous plaignez, on vous vire ! Vous êtes trop lent, trop faible, pas prêt à faire des heures sup’ ? On vous vire ! Vous refusez trop souvent des missions ? L’agence ne vous rappelle plus. Le travail intérimaire n’offre aucune garantie (d’embauche, donc de salaire à la fin du mois), aucun droit (de grève, par exemple). En définitive, pour le patronat, l’intérim, c’est la soumission de la main-d’oeuvre pour plus de profit : de l’esclavage moderne. » Constat sans appel, souligné par un sondage Ifop de novembre 2008 : « 48 % des intérimaires ont moins de vingt-cinq ans. » Sans surprise, les femmes et les ouvriers souffrent encore plus : 50 % des femmes entrent sur le marché du travail en signant un CDD (contre 36 % des hommes), et 73 % des ouvriers débutent en CDD ou en intérim (contre 50 % pour les cadres). « Les conditions d’embauche se sont dégradées, souligne le Monde du 3 octobre 2009. Cinquante-quatre pour cent des jeunes ont signé un CDI en 2009, contre 61 % en 2008. » Et seulement « 64 % ont accédé au statut de cadre, contre 70 % en 2008 ». Pas étonnant qu’en 2008 – et la tendance se conforte –, seulement « 25 % des jeunes Français (étaient) pleinement convaincus que leur avenir (serait) prometteur », au plus bas des scores de toute l’Europe, selon une étude de la Fondation pour l’innovation politique.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.