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13 janvier 1898 : « J’ACCUSE…! », « un moment de la conscience humaine », « un exemple immortel »

Posté par communistefeigniesunblogfr le 14 janvier 2010

Le 13 janvier 1898, Émile Zola publie dans L’Aurore une lettre ouverte au président de la République Félix Faure sous le titre « J’accuse« .

L’Aurore, le 13 janvier 1898.

13 janvier 1898 :

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documents iconographiques :  
  wikipedia.org/

Extrait :

« J’accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d’avoir été l’ouvrier diabolique de l’erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire, et d’avoir ensuite défendu son œuvre néfaste, depuis trois ans, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables.

J’accuse le général Mercier de s’être rendu complice, tout au moins par faiblesse d’esprit, d’une des plus grandes iniquités du siècle.

J’accuse le général Billot d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de l’innocence de Dreyfus et de les avoir étouffées, de s’être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique et pour sauver l’état-major compromis.

J’accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s’être rendus complices du même crime, l’un sans doute par passion cléricale, l’autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre l’arche sainte, inattaquable.

J’accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d’avoir fait une enquête scélérate, j’entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un impérissable monument de naïve audace.

J’accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d’avoir fait des rapports mensongers et frauduleux, à moins qu’un examen médical ne les déclare atteints d’une maladie de la vue et du jugement.

J’accuse les bureaux de la guerre d’avoir mené dans la presse, particulièrement dans L’Éclair et dans L’Écho de Paris, une campagne abominable, pour égarer l’opinion et couvrir leur faute.

J’accuse enfin le premier conseil de guerre d’avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j’accuse le second conseil de guerre d’avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d’acquitter sciemment un coupable.

En portant ces accusations, je n’ignore pas que je me mets sous le coup des articles 30 et 31 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de diffamation. Et c’est volontairement que je m’expose.

Quant aux gens que j’accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n’ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice.

Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour !

J’attends. »

 Extrait de l’article :   « ZOLA 13 janvier 1898″ paru le 12 janvier 1998 dans l’Humanité

Avec ce texte, Zola réagit à l’acquittement d’Esterhazy qui vient de se produire deux jours plus tôt, le 11 janvier. Il s’insurge contre deux scandales : contre le fait qu’un innocent, Alfred Dreyfus, ait été condamné par un Conseil de guerre, en décembre 1894 ; mais surtout, contre le fait que le coupable du crime vienne d’être acquitté, par un second Conseil de guerre. (…) Son « J’accuse » est une réponse à l’acte d’accusation du Conseil de guerre, une reprise intellectuelle de cet acte d’accusation. Une contre-accusation, opposant aux ragots accumulés contre Dreyfus la réalité des fautes commises au nom de la raison d’État.

C’est pourquoi Zola n’accuse pas Estherhazy (le véritable coupable), ce qui peut sembler paradoxal, à première vue. Son propos est ailleurs. Il attaque les défenseurs de l’acte d’accusation de 1894 : ceux qui garantissent la légitimité (les responsables politiques et militaires Mercier, Billot, Boisdeffre…) ; ceux qui affirment la validité de ses preuves (les experts en écriture) et ceux qui en ont tiré des conclusions inacceptables (les deux Conseils de guerre. (…)

… le 13 janvier, l’auteur des « Rougon-Macquart » (…) s’adresse à un journal pour avoir une diffusion massive, offrir à tous sa « lettre ouverte ». (…) il rompt avec la tranquillité qui fondait jusque-là son existence ordonnée d’écrivain. Il commet un délit de presse, un acte conscient de diffamation, pour qu’un procès ait lieu et qu’on reprenne l’enquête de l’affaire Dreyfus. En accusant, Zola s’accuse lui-même, s’offrant volontairement aux coups de l’adversaire. Au nom de la vérité et de la justice.

ALAIN PAGES.

Vidéo : document ina.fr/J’accuse.

A (re)lire :

→ sur : LDH-Toulon.net/ :

« J’accuse » toujours d’actualité - Un texte de Jean-Pierre Dubois publié dans Libération, le 15 janvier 2008.

→  sur notre blog :
9 octobre 2009 : 150e anniversaire de la naissance d’Alfred Dreyfus

 

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