Source : Le Grand Soir.info/
Journal militant d’information alternative
14 décembre 2009
Zapatisme, pouvoir et démocratie
Jean-Pierre PETIT-GRAS
illustration : « je suis lent, mais j’avance »
Ce texte a été rédigé dans le cadre d’une participation à un débat organisé par « l’association qui ne manque pas d’airr ». Un mouvement constitué contre un projet d’implantation d’éoliennes industrielles au dessus du petit village de Vaour, dans le département du Tarn. Le projet avait été conçu, et virtuellement imposé, à une population que l’on n’avait absolument pas consultée. Les réactions de ladite population, la chance ou le bon Dieu Eole, ont fait que les énormes machines, apparemment, sont allées tourner sous d’autres cieux, peut-être moins regardants.
1/Le système des cargos dans la tradition indigène et le mouvement zapatiste
En janvier 1994, les indigènes zapatistes, mayas et zoques du Chiapas, se sont soulevés, les armes à la main, face à un système qui les privait de tout depuis 5 siècles : terre, nourriture, logements décents, santé, travail, éducation… Depuis, ils ont posé leurs armes, mais entrepris de construire une société autonome et originale dans ce coin perdu et superbe du sud-est mexicain.
Ces gens, que l’on appelle « indiens », se reconnaissent, eux, comme « indigènes ». Ils se distinguent du reste de la population (du Mexique, par exemple), par le fait qu’ils vivent dans des communautés (villages) sur un même territoire. La propriété privée de la terre n’existe pas chez eux (c’est une aberration, la terre-mère est sacrée… on dit souvent, et eux-mêmes le disent, mais pas pour la galerie, que c’est nous qui appartenons à la terre). Le territoire fait l’objet d’une gestion collective, dans le cadre d’une organisation horizontale, démocratique, très précise, qui s’appuie également sur des tâches effectuées collectivement de manière régulière. La conservation de leurs langues (au Chiapas on parle encore une dizaine de langues mayas, plus le zoque), le fait de partager une vision du monde et des traditions culturelles communes, sont, enfin, les autres éléments essentiels qui caractérisent ces populations indigènes.
D’emblée, ce mouvement étonne et force l’admiration, à cause de plusieurs caractéristiques :
En premier lieu, on est saisi par la force des zapatistes, par la fermeté de leur résistance. Ceci, alors que leur situation pourrait sembler extrêmement précaire.
Dans les régions des Altos (les Hautes Terres), l’absence de place pour cultiver et vivre est flagrante. Habitations, champs de maïs, troupeaux de moutons et êtres humains se partagent des territoires manifestement trop petits, d’autant plus qu’une bonne partie de cette région, entre 1500 et 2800 mètres d’altitude, est abrupte… vraiment pas le lieu idéal pour faire passer une charrue.
Dans la forêt Lacandone et les vallées qui la traversent, la prolifération des installations militaires et celle des groupes paramilitaires, ainsi que la construction de routes et autoroutes, les projets touristiques (rebaptisés écotouristiques, le pouvoir n’ayant jamais peur des mots !), l’implantation de cultures industrielles, toute cette avancée du monde capitaliste moderne, dans lequel des groupes humains autonomes, non soumis au salariat ou aux lois du marché, n’ont évidemment plus leur place, tout cela semble absolument imparable.
Pourtant, malgré la terrible pression économique et militaire de la « guerre de basse intensité » que lui livrent les gouvernements locaux (notamment celui de l’état du Chiapas, dirigé par le PRD, membre de l’Internationale Socialiste) et celui de la république fédérale, les zapatistes construisent une véritable « autonomie ».
[Article complet : Le Grand Soir]
http://www.legrandsoir.info/Zapatisme-pouvoir-et-democratie.html
Du même auteur : Mexique : Chiapas, veillée d’armes au paradis