Gérard Paris-Clavel : Le travail de l’image (suite)
Posté par communistefeigniesunblogfr le 24 décembre 2009
En cette fin d’année, l’Humanité invite le graphiste Gérard Paris-Clavel à exposer ses idées et à nous questionner à travers ses images.
Le travail de l’image (2/8).
Contre le révisionnisme étatique actuel, il faut sans cesse rappeler les conditions historiques et sociales qui fondent une action, qui sont à l’origine d’une situation. L’Histoire, c’est du quotidien ; elle doit être inscrite dans la vie courante. L’utopie ne peut se reconstruire que sur la mémoire de toutes les luttes inachevées. Inachevées, car elles se prolongent dans le temps. Nous voulons les accompagner dans la durée. Les luttes se transforment, en bien, en mal, en succès ou en échec, mais elles ne s’arrêtent pas. Les luttes dont nous nous réclamons ne sont pas des événements séparés les uns des autres, des opérations marketing fermées sur elles-mêmes. L’Histoire et la vitalité ont partie liée.
Question de l’image : Quand la mémoire s’efface, que reste-t-il de l’avenir ?
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Le travail de l’image (3/8).
« Dans nos villes, tous les jours, nous voyons des centaines d’images publicitaires, constatait déjà John Berger dans « Voir le voir » en
1972. Aucune autre catégorie d’image ne nous agresse avec autant d’insistance. L’histoire n’offre aucun autre exemple de société présentant une telle concentration d’images et une telle densité de messages visuels. Nous pouvons nous souvenir de ces messages ou les oublier, mais nous les percevons brièvement, et pendant un instant, ils stimulent notre imagination, soit par la mémoire, soit par les aspirations qu’ils engendrent. »
Tu es en ville, dans la rue, tu circules, tu ne déambules pas – ça n’est plus possible. Tu es un individu qui reçoit des milliers de messages par jour. Les médias, propriétés des multinationales, produisent une quantité de signes telle qu’ils n’ont pas à s’occuper de la qualité. Tu reviens d’une promenade, tu n’es pas nourri, mais gavé. Tu es sous contrôle. Cette communication omniprésente de l’insignifiance te dévore, te consume et veut t’instrumentaliser en consommateur passif. La marchandise a tout débordé, elle t’occupe littéralement. Il ne reste que la vibration d’un gros tout qui n’a le sens de rien. Face à l’inflation publicitaire dans l’espace public en voie de privatisation, il faut considérer les murs comme une propriété collective, des biens communs. Pour faire ressurgir à la surface de nos villes les idées du changement social…
Question de l’image : Qu’est-ce qui fait disparaître le citoyen ?
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Le travail de l’image (4/8).
« Mais enfin, qu’est-ce que vous voulez ? », interrogent parfois des élus, la main sur le larfeuille pour acheter la paix sociale. Les pouvoirs développe le communautarisme et le caritatif, quand nous essayons d’étendre le collectif social, riche de ses différences, et les solidarités politiques. Ma ville est un monde et nos vies s’y mélangent. Habitants des quartiers pleins de sens, et pas « sensibles » au sens policier, nous n’en pouvons plus d’être interrogés sans jamais être entendus, comme confinés dans un particularisme coupé des questions globales. Nous devons nous affirmer non plus comme des citadins passifs, mais comme des citoyens, des citoyennes qui participent au conflit social sur nos lieux de travail, mais aussi là où nous habitons. Aux chiottes, le fatalisme médiatique ! Ras-le-bol de la litanie des malheurs ! Il y a le combat pour le nécessaire, mais si vous voulez qu’on s’en sorte, il faut nous donner le goût du superflu. La question de la ville heureuse demeure taboue, il y a une réticence totale à parler ainsi dans le champ politique : l’art de vivre, comme la tendresse et toutes les choses qui sont fondatrices de la relation humaine et de la qualité de nos vies, il faut les taire, comme si ce n’était que du privé. Rien n’est plus faux. Voisins, voisines, nous avons des rêves à partager.
Question de l’image : où sont les formes heureuses des luttes dans la ville ?
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- Revoir l’article du 20 décembre :
Gérard Paris-Clavel : “Reprenons les rues et inventons un nouvel imaginaire politique !”
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