SFR ou « les valeurs républicaines au service des intérêts patronaux » !
Posté par communistefeigniesunblogfr le 4 décembre 2009
1er décembre 2009 – Thomas Lemahieu
SFR. « Ce qui se passe est un véritable délit d’opinion »
En assignant Sud devant le tribunal de Longjumeau, la direction de SFR demande aux syndicats d’« abjurer » leurs objectifs de « transformation sociale » au nom du droit de propriété.
Drôle d’ambiance pour une drôle d’affaire, hier matin, au tribunal d’instance de Longjumeau (Essonne). Du fait de la « réforme de la carte judiciaire », selon le juge, c’est dans un minuscule salon transformé en salle d’audience que la direction de l’opérateur de télécommunications, SFR, cherche à faire écarter par la justice le syndicat Sud, qu’elle ne considère pas comme représentatif au motif que, en tant que partisan affiché du « socialisme autogestionnaire », l’organisation ne respecterait pas les valeurs républicaines (lire l’Humanité du 26 novembre). Du coup, faute de place, Me Antoine Vivant, avocat de SFR, se résigne à plaider assis, à contrecœur. « C’est la première fois, à ma connaissance, que la justice va être amenée à donner un contenu à ce que sont les valeurs républicaines », se félicite-t-il. Ce que confirme un peu plus tard Me Thierry Domas, défenseur de Sud SFR : « Oui, c’est la première fois que, de manière si évidente, la politique rentre dans un prétoire : la société SFR a décidé qu’il résulte de la nature même des options philosophiques d’un syndicat, son interdiction d’entrer dans l’entreprise… »
Sur le fond, SFR considère que la revendication d’une « transformation sociale dans la perspective du socialisme autogestionnaire », présente dans les statuts de la fédération SUD PTT, « remet en cause le droit de propriété et la liberté d’entreprendre », deux concepts que l’opérateur place résolument au premier rang des « valeurs républicaines ». Pris dans son élan, Me Antoine Vivant va jusqu’à affirmer que « la CGT n’a réussi à rentrer en 1999 dans la Confédération européenne des syndicats (CES) qu’après avoir modifié ses statuts pour abjurer son attachement au socialisme autogestionnaire » – ce qui ne manque pas de piquant quand on sait que le « socialisme autogestionnaire » provient directement des rangs de la CFDT, membre de la CES depuis 1974 ! Pour Me Thierry Domas, « les valeurs républicaines avaient été définies dans la position commune syndicats-patronat sur la représentativité, mais c’est le rapporteur UMP qui a ouvert la voie à SFR en estimant que cette définition n’était pas complète et que les valeurs républicaines comprenaient aussi le respect de la propriété privée. Ce qui se passe aujourd’hui n’est pas surprenant, c’est un véritable délit d’opinion » ! Le délibéré est fixé au 22 janvier 2010.
Extrait de l’article de Pierre Khalfa « La République et le syndicalisme » publié sur : mouvements.info/
« Mais cette accusation est surtout une remise en cause de la liberté d’opinion. Ce qui est attaqué ce ne sont pas des pratiques syndicales qui seraient considérées comme illégales par l’entreprise, mais simplement le fait de croire qu’une société débarrassée de l’exploitation capitaliste est souhaitable. La direction de SFR s’autorise donc à dicter à l’organisation syndicale ce qui lui est interdit de penser. Paradoxalement, SFR, à sa manière, confirme qu’il y a un lien indissociable entre la défense des intérêts des salariés au jour le jour et un projet de transformation sociale. C’est parce que SUD se situe dans une perspective de dépassement du capitalisme que ce syndicat peut défendre de façon intransigeante les droits des salariés et qu’il est à ce point insupportable aux directions d’entreprises. A contrario, considérer que le capitalisme est l’horizon indépassable de notre temps entraîne nécessairement à sacrifier les droits des salariés sur l’autel de la compétitivité de l’entreprise prise dans l’engrenage inévitable de la compétition économique.«
[Article complet : mouvements.info/]
La République selon SFR : une liberté syndicale sous surveillance idéologique patronale ?
Communiqué de la LDH
Pour la première fois en France, un employeur a osé, le 30 novembre, prendre en otage les « valeurs républicaines » pour s’attaquer à la liberté syndicale et tenter d’instituer sous une forme privatisée un véritable délit d’opinion.
Extrait :
La Ligue des droits de l’Homme rappelle qu’au premier rang des « valeurs républicaines » figure la liberté syndicale protégée par la Constitution de la République et qu’en vertu de cette liberté la définition des principes et des valeurs que défend une organisation syndicale relève de ses adhérents et non de la volonté des employeurs.
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