Ambroise Croizat, « le ministre des travailleurs », honoré par la ville de Paris
Posté par communistefeigniesunblogfr le 2 décembre 2009
« Outre leur grande capacité d’invention sociale, la force des ministres communistes de la Libération, comme Marcel Paul ou Ambroise Croizat, ce fut de savoir mettre l’homme et son devenir au centre de leur projet politique. En faire de vrais acteurs du futur… »
Suzanne Barrès-Paul, compagne et collaboratrice de Marcel Paul
Inauguration de la place Ambroise Croizat , mercredi 2 décembre 2009, dans le 14e arrondissement de Paris
« En deux ans de temps, de 1945 à 1947, il produisit avec une équipe de syndicalistes à ses cotés une quantité de lois sociales qui firent de la France le pays le plus développé sur les réalisations sociales.
La reconnaissance des travailleurs était telle que ceux-ci l’avaient baptisé: » le ministre des travailleurs » au lieu de ministre du travail. Une appellation que jamais plus en France on ne retrouvera depuis.
Sa principale réussite fut la sécurité sociale. » (Bernard Lamirand)
1er décembre 2009 – Michel Etiévent (*)
Ambroise Croizat, le bâtisseur de la Sécurité sociale
Ouvrier métallurgiste à treize ans, député communiste du Front populaire, il participe à l’élaboration, dans la clandestinité, du programme du Conseil national de la Résistance qui débouche, à la libération, alors qu’il est ministre du Travail, sur la création de la Sécurité sociale. La ville de Paris lui rend hommage, en inaugurant une place à son nom.
« Jamais nous ne tolérerons qu’un seul des avantages de la sécurité sociale soit mis en péril. Nous défendrons à en perdre la vie et avec la plus grande énergie cette loi humaine et de progrès. »
Cette phrase, prononcée par Ambroise Croizat lors de son dernier discours à l’Assemblée nationale, le 24 octobre 1950, sera mardi le fil rouge de l’inauguration de la place qui est lui est enfin dévolue au cœur de Paris [1] Un slogan brûlant d’actualité à l’heure du détricotage des acquis et qui sonne comme un hommage à un parcours qui a fait du « bâtisseur de la Sécurité sociale », l’un de ceux qui ont forgé la dignité de notre identité sociale.
Il faut rappeler ce chemin entamé un 28 janvier 1901, dans l’éclat des fours de Savoie où son père, Antoine, est manœuvre. En cette aurore du siècle, dans la cité ouvrière de Notre-Dame-de-Briançon, on vit la misère qui court les pages de Germinal. Pas de Sécurité sociale, pas de retraite. L’espoir, c’est le père d’Ambroise qui l’incarne. Fondateur du syndicat CGT, il lance la première grève pour une protection sociale de dignité. Il l’obtient mais de vieilles revanches l’invitent à s’embaucher ailleurs. 1907. Ugine, autre grève, errance obligée vers Lyon. C’est là qu’Ambroise prend le relais du père. Á treize ans, il est ajusteur. Derrière l’établi, les mots du père fécondent : « Ne plie pas, petit. Le siècle s’ouvre… » Ambroise adhère à la CGT. Á dix-sept ans, il anime les grèves de la métallurgie. Reste à faire le pas. Celui de Tours, où il entre au PCF. « On le voyait partout, dit un témoin, devant les usines, au cœur d’une assemblée paysanne. Proche du peuple d’où il venait. »
Antimilitarisme, anticolonialisme tissent les chemins du jeune communiste. 1927. Il est secrétaire de la fédération des métaux CGTU. « Militant ambulant », un baluchon de Vie ouvrière à vendre pour tout salaire. Commence un périple où il anime les révoltes de Marseille et du Nord, tandis que sur le terreau de la crise germe le fascisme. « S’unir, disait-il, pas unis, pas d’acquis ! » Ces mots, il les laisse au cœur des luttes où se dessinent les espérances du Front populaire.
(*) Auteur d’Ambroise Croizat ou l’invention sociale et de Marcel Paul, Ambroise Croizat, chemins croisés d’innovation sociale. Livres disponibles auprès de l’auteur, 520 avenue des Thermes, 73600 Salins-les-Thermes (25 euros l’un + 5 euros de port l’unité).
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