Polémique N’Daye-Raoult : nouvelle offensive idéologique
Posté par communistefeigniesunblogfr le 18 novembre 2009
Article paru dans l’Humanité du 17 novembre
La vieille haine de l’intellectuelle
Par Marie-Pierre Vieu, Membre du Comité exécutif du PCF, en charge des intellectuels, vice-présidente de la région midi-pyrénées, et Gérald Briant, Membre du Comité National du PCF, adjoint au maire du 18e arrondissement de paris.
En quoi la polémique Raoult-N’Daye manifeste-t-elle une nouvelle offensive idéologique ?
La polémique N’Daye-Raoult est-elle un incident à ajouter au passif du député maire du Rancy, coutumier d’excès de populisme et d’accointance avec l’extrême droite ? Ce serait le cas sans doute, si elle ne succédait à une longue liste de faits qui, loin d’être mineurs, viennent nourrir en même temps qu’ils éclairent la politique ultraconservatrice menée par la droite au pouvoir : Sarkozy et sa lecture nationale-libérale de l’histoire ; Alain Minc et Denis Olivennes, patron du Nouvel Observateur, exaltant le politiquement correct et exhumant le concept de pensée unique lors de l’université d’été 2009 du Medef ; Besson inventant le délit de solidarité et les charters d’Afghans ; Hortefeux et sa rhétorique de sécurité partout et pour tous ; les préfectures accueillant le grand débat sur l’identité nationale…
Quand la lauréate 2010 du Goncourt explique qu’elle trouve insupportable l’« atmosphère de flicage, de vulgarité » qui prévaut en France et dit à propos du président de la République et de plusieurs ministres « qu’ils représentent une forme de mort, d’abêtissement de la réflexion, un refus d’une différence possible », rien d’étonnant alors à ce qu’Éric Raoult, adepte du couvre-feu, de l’état d’urgence en Seine-Saint-Denis et militant pour le rétablissement de la peine de mort, intime à la romancière un « droit de réserve » qui, plus encore qu’une manœuvre d’intimidation, a valeur d’interdiction. D’autant que le même, qui remet aussi en cause l’indépendance de l’académie Goncourt vis-à-vis des pouvoirs publics et politiques, n’aurait aucun scrupule à la transformer en maison de redressement pour écrivains, lui qui vient encore de se distinguer en prenant fait et cause pour le régime tunisien du président Ben Ali à la suite de l’expulsion de la journaliste du Monde, Florence Beaugé, jugée trop « provocante ».
De la remise en cause de la liberté de la presse à la volonté de brimer Marie N’Daye, il n’y a qu’un pas. De ce point de vue, les Inrockuptibles ont bien raison de s’insurger contre une France qui pourrait rappeler celle de 1942 quand Pétain et Laval introduisaient la négation de la liberté d’expression, la haine des intellectuels et des artistes, la dictature sur la vie intellectuelle des Brasillac et Rebatet en même temps qu’ils organisaient la rafle du Vél’ d’Hiv, la traque des résistants et leur envoi en camps.
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