Ex-RDA : 20 ans après…
Posté par communistefeigniesunblogfr le 4 novembre 2009
Eberswalde, 20 ans après la chute du Mur
Reportage ex-RDA :
L’unification n’a jamais vraiment eu lieu. Elle s’est transformée en une annexion par l’Allemagne occidentale. À l’opposé de l’aspiration des manifestants de l’automne 1989.
Eberswalde (Allemagne), envoyé spécial
« Tout était exaltant. Ce furent des moments d’une intensité extraordinaire. Les journées comptaient double. » Lutz Landmann se souvient de l’effervescence qui régnait dans sa ville, il y a tout juste vingt ans. Eberswalde, petite cité industrielle à une cinquantaine de kilomètres de Berlin, a alimenté, elle aussi, le tourbillon de la mobilisation populaire qui allait emporter le rideau de fer. « Rien à voir bien sûr avec les manifestations monstres de Leipzig ou de Berlin », poursuit notre interlocuteur, aujourd’hui responsable administratif et qui fut alors dirigeant sur la ville du Nouveau forum, cette association de citoyens désireux de changements. « Mais, ajoute-t-il, des centaines de personnes investissaient tous les jours la place du marché. Ce qui était totalement inédit. »
Frustration de ne pas pouvoir voyager librement, raz le bol des pénuries qui ne cessaient de s’aggraver, des queues qui s’allongeaient devant les magasins. Irrésistiblement, se souviennent tous les acteurs de l’époque à Eberswalde, montaient l’exaspération populaire, l’aspiration à être considérés comme des citoyens à part entière et non plus comme des êtres immatures, placés sous surveillance par un État devenu totalement paranoïaque, ne cherchant plus son salut à mesure qu’il s’affaiblissait que dans la STASI, ces renseignements généraux prospérant sur la structure étatiste comme une abominable excroissance cancéreuse. « Le décalage était sidérant », précise Lutz Landmann, entre le vécu de chacun et le monde virtuel de l’agit-prop officielle célébrant « un peuple en marche vers la société socialiste », à l’occasion du quarantième anniversaire de la RDA (10 octobre 1989).
« Nous sommes le peuple », scandaient les manifestants sur la place du marché, pointant les contradictions entre l’idéal d’émancipation humaine, les principes fondamentaux dont se revendiquait la RDA et la pratique du régime.
Tous les acteurs du soulèvement pacifique rencontrés dans la ville nous tiendront le même discours : « Nous voulions tous une meilleure RDA, plus démocratique, plus effective sur le plan économique. » Hans Mai, le premier maire d’Eberswalde après la chute du mur, est formel‰ : « Personne ne voulait alors d’une réunification sous l’égide de la République fédérale. » Pourtant très vite c’est cet ordre du jour-là qui allait s’imposer. Les citoyens descendus dans la rue allaient être dépossédés de leur mouvement et l’ex-RDA engloutie par l’Allemagne occidentale. « La révolution mange ses enfants », relève, mi-fataliste, mi-désabusé, Lutz Landmann, évoquant le manque d’expérience des acteurs de l’Est.
A lire sur le Le blog de Bertrand Gallicher :
A l’est du mur, la vie rêvée des « Ossis »
A lire sur : http://www.Le Monde diplomatique.fr/ (abonnés)
Sur les traces estompées de l’Allemagne de l’Est
http://www.monde-diplomatique.fr/2009/11/UMBRECHT/18377
Faite de brèches successives à la frontière austro-hongroise en mai et août 1989, puis à Berlin en novembre, la chute du Mur précède d’un an la disparition de la République démocratique allemande ( RDA. ). Créé en 1949, ce pays de seize millions d’habitants sera absorbé par l’Allemagne de l’Ouest. Dès lors, une « guerre froide de la mémoire » succède à celle des blocs. Malheur aux vaincus ! De leur passé, il ne doit rien rester.
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