27 octobre 2009 – Yves Housson
La Sécu, machine à pomper les malades
Avec le budget 2010 en discussion aujourd’hui à l’Assemblée, le gouvernement veut alourdir le coût d’accès aux soins laissé à la charge des assurés, qui dépasse déjà les 16 milliards d’euros.
À défaut d’une mobilisation des assurés sociaux à la hauteur des menaces, 2009 pourrait être une année noire dans les annales de la Sécu. Déjà, cet été, le gouvernement, passant outre une opposition sans précédent parmi les acteurs de la santé, médecins inclus, a fait voter une loi, Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), qui donne aux ennemis du service public une série d’armes nouvelles pour privatiser la santé. La révélation, le week-end dernier, d’un projet d’arrêté fixant un seuil d’interventions au-dessous duquel les blocs opératoires devraient fermer (voir p. 4), éclaire la dangerosité de cet arsenal. Instituées par la loi Bachelot, des agences régionales de santé (ARS), structures bureaucratiques dotées des pleins pouvoirs, auront pour mission de reconfigurer le paysage du système de santé, sous la contrainte, décisive, du manque de financements. Avec l’arrêté en préparation, ces ARS auront entre les mains un outil pour liquider, au pas de charge, près d’un cinquième du potentiel national de chirurgie, pour l’essentiel dans le secteur public.
[Lire la suite]
A lire également sur le site du Monde diplomatique, l’article :
Hôpital : comment créer un marché qui n’existe pas
(André Grimaldi, chef du Service de diabétologie de la Pitié Salpêtrière, auteur de L’Hôpital malade de la rentabilité, Fayard, 2009.)
Extrait :
« De façon surprenante par ces temps de crise, c’est la régulation par le marché, à l’américaine, transférant une partie des coûts de la collectivité vers les ménages, qu’ont choisie nos dirigeants. En effet, pour les néolibéraux qui inspirent le gouvernement, seul le marché libre où chacun achète selon ses moyens permet d’assurer l’adéquation entre l’offre et la demande solvable, et seule la concurrence permet d’obtenir la qualité au moindre coût. Quant à la productivité des professionnels, elle ne peut être stimulée que par l’intéressement financier et la précarisation de l’emploi. Le « new management » industriel, associant recentrage de l’activité sur le « cœur de métier », rotation des tâches et mobilité des agents, permet la souplesse nécessaire à l’adaptation. Bref, le merveilleux modèle France Télécom !
Qu’importe que le marché ne puisse pas répondre au cahier des charges de la santé — utilité sociale, qualité élevée et moindre coût —, comme l’ont montré toutes les expériences historiques, pour la simple raison que l’usager n’est pas un consommateur éclairé qui a choisi d’être malade, mais une personne plus ou moins affaiblie, plus ou moins angoissée, dont les besoins sont potentiellement illimités, ce qui rend le marché totalement manipulable. La seule question qui vaille est : comment appliquer ce projet mercantile au système de santé français ? »
[Article complet : Le Monde diplomatique]
A voir sur « Les mots ont un sens » le dessin de Mykaïa « Vers une médecine à deux vitesses« :
http://www.lesmotsontunsens.com/sante-privee-dessin-5528
Pour + d’infos sur Mykaïa, voir son blog : http://mykaia.fr/blog/