Démantèlement de la « jungle » : « C’est une jeunesse, des forces vives qu’on assassine ! »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 24 septembre 2009
Message reçu ce jour
Un écho particulier de quelqu’un qui était présent lorsque les CRS ont tout anéanti et arrêté les migrants, dans la jungle autour de Calais. Comment rester passif devant de tels agissements ?
Témoignage de Claire C.
Bailleul, le 22 septembre 2009
A tous ceux que ça intéresse.
Grande tristesse, colère, honte d’être française !!!
A 7 heures ce matin, nous étions 5 de Bailleul sur la « jungle » des Afghans à Calais (c’est comme cela qu’ils l’appellent = camp de fortune, de misère) juste avant qu’elle ne soit encerclée et investie par 6 compagnies de CRS (75 x 6 = 450 CRS, chiffre vérifié), nombre de policiers et de gendarmes en présence du sous-préfet et d’une nuée de médias de France bien sûr mais aussi de Belgique, d’Allemagne, de Grande Bretagne, de Suède, d’Espagne…. et aussi des États-Unis (New York Times.).
De nombreux bénévoles étaient présents, un bon nombre avait passé la nuit-là, ce qui a sans doute poussé quelques 150 migrants à rester, pensant qu’ainsi ils étaient protégés ou qu’on leur trouverait enfin un accueil plus humain. Les minutes qui ont suivi l’entrée des policiers sont assez indescriptibles, en tout cas au plan émotionnel. Comme je suis handicapée, les CRS m’ont fait sortir derrière eux, preuve qu’ils avaient l’ordre de charger ! Les militants se sont retrouvés coincés avec les migrants qui n’opposaient aucune résistance. Certains ont pris des coups. Les Afghans dont plus de la moitié était largement mineurs (certains 11 ans) ont été triés (majeurs-mineurs) parfois brutalement, puis parqués par petits groupes et enfin emmenés par la police. Une peur immense se lisait dans leurs yeux (je ne suis pas prête d’oublier leurs regards !) et leurs sanglots, un vrai déchirement pour eux ; pour les militants aussi dont un certain nombre était en pleurs.
Un tel déploiement policier laisse à penser que les migrants sont de dangereux criminels. Qu’ont-ils fait pour mériter un tel traitement ? Quitter un pays où on sait qu’une extrême violence est quotidienne en particulier envers les élèves, les étudiants ou les profs… Peut-on ne pas comprendre voir une mère qui a eu un de ses fils tué, envoyer les autres sous d’autres cieux censés être plus civilisée et plus cléments ?
Le but avoué du gouvernement est de démanteler les réseaux de passeurs. Très belle intention, tout à fait louable et grandement défendue par les associations. Mais que sont devenus les Afghans et autres migrants qui ont quitté les camps depuis l’annonce gouvernementale ? Avec l’aide de qui sont-ils retournés vers Paris ou ailleurs. La réalité nous fait penser que cette action très médiatisée n’a fait, au contraire, que renforcer les réseaux. Les migrants, déjà très fragilisés le sont sans doute encore un peu plus aujourd’hui. Si la mafia est à l’extérieur (elle a largement les moyens de ne pas attendre la police), pourquoi laisse-t-on les migrants à leur merci ? Des passeurs, nous en avons vu cet après-midi et qui avaient l’air de ne se faire aucun souci !
Vers 11 h, Mr Besson a donné une conférence de presse à laquelle étaient conviés tous les journalistes. Il est ensuite venu voir, sous le regard des caméras(seule la présence des médias était autorisée), la destruction de la jungle par les bulldozers qui n’ont épargné aucun arbre, aucun buisson. Juste avant son arrivée, nous étions sept femmes et un homme à l’attendre tranquillement mais nous nous sommes fait reconduire par une trentaine de CRS qui nous ont poussés hors de la zone. Aujourd’hui tout était démesuré !!!
C’est sûr, ce soir je ne me coucherai pas pareil et mes soucis paraissent si dérisoires au regard de ce que j’ai vécu ce matin. Sans cesse me hante l’idée de savoir où ils sont, comment ils vont, quels dégâts cela va encore causer sur le psychisme de ces gosses déjà bien affectés pour certains. C’est une jeunesse, des forces vives qu’on assassine !
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