19-25 août : Libération de Paris (2)
Posté par communistefeigniesunblogfr le 24 août 2009
19 août 1944 : Une journée décisive
Dès le matin, la population montre sa volonté de lutter pour libérer Paris :
« … dans les rues presque vides, on entend des coups de feu, quelques autos circulent, garnies de jeunes gens, souvent en bras de chemise avec un brassard tricolore, armés de mitraillettes, de fusils, de grenades… Pour la première fois depuis quatre ans, des drapeaux tricolores surgissent au sommet des édifices publics que la Résistance a occupés : la Préfecture de police, l’Hôtel de Ville, Notre-Dame, le Palais de Chaillot, les lycées, les hôpitaux et les mairies. Les FFI, profitant de l’effet de surprise, s’emparent, un peu partout, de petits dépôts de matériels et de garages isolés gardés par quelques soldats, de camions en circulation ou en stationnement dont chaque occupant possédait un fusil ou une mitraillette et qui souvent en transportaient d’autres. »
Le bilan de la journée du 19 août est très positif : Paris s’est mobilisé dans son ensemble ; les patriotes ont pris de nombreux immeubles à l’ennemi et aux collaborateurs. Ils dominent la rue. Ils ont récupéré de nombreuses armes qui, d’heure en heure, multiplient le nombre de combattants. Enfin et surtout, la preuve est désormais faite aux yeux mêmes de ceux qui sont restés passifs qu’il est possible de vaincre l’occupant.
Dans « Les FTP« , Charles Tillon brosse un tableau saisissant de cette première journée de l’insurrection parisienne :
« A sept heures du matin, la mairie du 1er arrondissement est prise (elle sera perdue à midi). Le bataillon Bara [...] s’empare des Halles, organise la défense des dépôts de vivres [...] La Poste centrale (rue du Louvre) est occupée…
A 8 heures, les mairies du 10e et du 11e sont occupées par les FFI. Celles des 14e 17e le seront à 14 heures, celle du
20e à 20 heures. [...] Toujours le 19, à 14 heures, le dépôt SNCF de la Villette, tenu par les cheminots en grève, est attaqué par les Allemands. L’attaque est repoussée [...]
A la même heure, trois chars allemands cherchent à passer place Saint Michel. L’un d’eux est détruit. Un second sera capturé peu après, après avoir canonné le portail de la préfecture. Sur toute l’étendue de la grande ville (sauf les quartiers ouest), c’est un véritable foisonnement d’opérations de toutes sortes. Ici, des groupes de choc cherchent et accrochent l’ennemi. Là, comme sur le pont de la ligne de Versailles (Boulevard Brune et Lefèvre), des patriotes jettent des bouteilles incendiaires sur les voitures [...]. Sur les marches des entrées du métro, sous les porches, derrière les persiennes ou les portes entrebâillées, des tireurs guettent la voiture ennemie. Rue de Châteaudun, une grenade bien lancée immobilise le camion de tête d’un convoi… »
Le 19 août avait donc été une journée de forte mobilisation. Aussi, la trêve conclue dans la soirée par Alexandre Parodi, par l’intermédiaire de Nordling, consul général de Suède à Paris, avec le général von Choltiiz, fut-elle accueillie par de nombreux patriotes comme « un coup de poignard dans le dos de l’insurrection ».
Élément de division et de confusion, la trêve n’est en réalité respectée ni par les Allemands ni par les Résistants auxquels la plupart des mouvements et la direction donnent l’ordre de poursuivre les combats. L’intervention de Jean de Voguë dit « Vaillant » à la séance du C.N.R. du 21 août contribua fortement au rejet de la trêve : « Vouloir renoncer à la lutte en ce 21 août dans Paris serait aussi insensé que de prescrire à un raz de marée de regagner la rive« .
Aussitôt la trêve rejetée, un tract appelle les Parisiens à construire des barricades. Dans la soirée, les premières barricades sont construites entre la Seine et le Palais du Luxembourg. Le lendemain, Rol Tanguy fait afficher un ordre pour la défense de la population parisienne et un appel « Tous aux barricades !«
APPEL AUX BARRICADES (22 AOUT 1944)
ORDRE POUR LA DEFENSE DE LA POPULATION PARISIENNE
LES FFI ET LA POPULATION ONT ENGAGE LA BATAILLE POUR PARIS. CHAQUE FOIS QUE NOS SOLDATS ONT RESPECTE LA TACTIQUE MOBILE, ILS ONT ECRASE L’ADVERSAIRE. CEPENDANT UN DANGER SUBSISTE : LES MOUVEMENTS RAPIDES DES CHARS ENNEMIS.
CE DANGER EST FACILE A CONJURER
IL SUFFIT D’EMPECHER LES BOCHES DE ROULER
POUR CELA, IL FAUT QUE TOUTE LA POPULATION PARISIENNE, HOMMES, FEMMES, ENFANTS, CONSTRUIRE DES BARRICADES, QUE TOUS ABBATENT DES ARBRES SUR LES AVENUES, BOULEVARDS ET GRANDES RUES. QUE TOUTES LES PETITES RUES SOIT PARTICULIEREMENT OBSTRUEES PAR DES BARRICADES EN CHICANE. ORGANISEZ VOUS PAR MAISON ET PAR RUE POUR GARANTIR VOTRE DEFENSE CONTRE TOUTE ATTAQUE ENNEMIE.
DANS CES CONDITIONS, LE BOCHE SERA ISOLE ET CERNE DANS QUELQUES CENTRES. IL NE POURRA PLUS EXERCER DE REPRESAILLES.
TOUS AUX BARRICADES !
LE COLONEL COMMANDANT DU GRAND PARIS
ROL
Source : http://pagesperso-orange.fr/stephane.delogu/2db-paris.html
Le C.N.R. et le C.P.L. (Comité parisien de Libération) s’adressent également à la population :
« L’insurrection du peuple de Paris a déjà libéré de nombreux édifices publics de la capitale. Leur première grande victoire est remportée. La lutte continue. Elle doit se poursuivre jusqu’à ce que l’ennemi soit chassé de la région parisienne… » (C.N.R.)
« La population doit, par tous les moyens, empêcher la circulation de l’ennemi. Abattez les arbres, creusez des fossés antichars, dressez des barricades. C’est un peuple vainqueur qui recevra les Alliés. » (C.P.L.)
A partir du 22 août, Paris et sa banlieue se hérissent de barricades.
« Près de 600 barricades s’érigent dans Paris. [...] Elles ont eu pour résultant d’obliger les Allemands à rester dans leurs points d’appui. Elles n’ont pas pour objectif de libérer Paris mais de faire participer les Parisiens et Parisiennes à leur propre libération. En cela, elles ont un impact psychologique considérable et leur construction a constitué un temps fort du développement de l’insurrection. » (Christine Levisse-Touzé, Paris libéré, Paris retrouvé, Gallimard Découvertes, 1994, réédition 2004. / http://www.paris-france.org/MUSEES/Memorial/liberation_de_paris/ )
Peu à peu les mailles du filet établi par les FTP se resserrent sur l’ennemi. Seuls les convois allemands importants, avec blindés – devant lesquels sont parfois placés des otages – réussissent à passer. Le 24 août, les Allemands se trouvent bloqués dans certains réduits qu’ils ont fortifiés.
Mais ces événements dérangent les plans alliés…
Sources : La Revue de la Résistance n°14 / Histoire de la France contemporaine, Tome VI
à suivre…
A voir :
http://www.liberation-de-paris.gilles-primout.fr/
http://www.ugff.cgt.fr/ancien/pdf/fonct_publ/fonct_publ_110/fonct_publ_110_4.pdf
Vidéos
La libération de Paris : film réalisé clandestinement entre le 16 et le 26 août 1944 par une équipe de cinéastes de la Résistance. Il est présenté en 5 vidéos sur You Tube.
Pour voir la première, cliquer sur le lien ci-dessous.
1 http://www.youtube.com/watch?v=hvR3YzN2RaA&feature=related
Publié dans HISTOIRE | Pas de Commentaire »