EDF : la provocation
Posté par communistefeigniesunblogfr le 9 juillet 2009
Une hausse de 20% des tarifs de l’électricité envisagée par EDF
Pierre Gadonneix, patron du groupe EDF, a défendu jeudi sa demande de hausse de 20% des tarifs de l’électricité en France sur trois ans ou plus, alors que l’entreprise vient de clore un emprunt qui lui a permis de récolter 3,2 milliards d’euros auprès des particuliers.
Dans une interview accordée à Paris Match, mercredi, le dirigeant d’EDF, Pierre Gadonneix, a révélé son intention d’augmenter de 20% les tarifs de l’électricité. Une mesure qu’il a qualifié d’ »indispensable » pour améliorer les capacités d’investissement de sa société.
« La décision appartient évidemment aux pouvoirs publics, qui jugent de la modulation (…). il est certain qu’on ne peut pas augmenter durablement les investissements en France si il n’y a pas des recettes en face. », a déclaré Pierre Gadonneix.
EDF et l’Etat ont signé en octobre 2005, au moment où l’entreprise est devenue société anonyme contrôlée par l’Etat, un contrat de service public. Il garantit jusqu’en 2010 une augmentation des tarifs de l’électricité qui ne peut dépasser le niveau de l’inflation pour les particuliers.
Voir également l’article de jeanmarcelbouguereau.blogs.nouvelobs.com/
« EDF veut le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière »
Réactions
L‘UFC-Que Choisir craint la réaction des consommateurs. L’association de défense de consommateurs dénonce jeudi 9 juillet « une provocation », estimant que « cette demande risque de provoquer de hautes tensions entre l’entreprise et les consommateurs. Par ailleurs, moins d’un mois après avoir évoqué une revalorisation équivalente à l’inflation, voilà qu’EDF réclame six fois plus. Nous sommes d’accord sur le fait que le tarif régulé de l’électricité doit tenir compte des coûts de l’entreprise et de ses investissements. Mais la demande d’une hausse des prix de 20% ne peut être lancée de la sorte, sans explications ni données chiffrées », déplore le président de l’association, Alain Bazot. De plus, Alain Bazot évoque qu’ »à aucun moment, le président d’EDF ne précise si les tarifs régulés dont il parle sont ceux applicables au marché des particuliers ou ceux applicables aux entreprises. Cela dit, il est évident qu’une hausse de cette ampleur aurait un fort impact sur les ménages ».
La CLCV n’y comprend rien. Thierry Saniez, délégué général de l’association de consommateurs dit que « l’annonce du succès de l’emprunt rend la demande de hausse tarifaire totalement incompréhensible. Cela conforte notre demande de transparence car il y a un vrai problème de transparence des prix en matière d’énergie. Hormis l’effet de surprise, les 20% nous paraissent en plus totalement hors de proportion. La vraie question est la pérennité du tarif réglementé, car M. Gadonneix va demander l’autorisation à Bercy, mais si dans neuf mois, le tarif réglementé n’est pas pérennisé, il n’aura plus à demander l’autorisation. »
Le réseau « Sortir du nucléaire » regrette les investissements insensés. L’association dénonce « une tentative de renflouement » de l’entreprise « plombée par ses investissements insensés » dans le nucléaire. Elle conteste également la justification invoquée par le patron d’EDF, Pierre Gadonneix, d’une nécessité d’investir et estime que l’entreprise « est menacée d’un crash industriel et financier ».
La Fédération CGT des mines et de l’énergie évoque les aventures du groupe à l’étranger. « Il y a un réel besoin de financement d’EDF, mais il est dû principalement aux aventures à l’étranger de l’entreprise (acquisition d’une part du groupe américain Constellation et de British Energy, ndlr). Si c’est pour financer des projets à l’étranger comme c’est le cas actuellement, c’est complètement inacceptable alors qu’il y a des investissements en France qui sont nécessaires (…). Nous demandons que les investissements d’EDF soient débattus à l’Assemblée nationale, parce que c’est une entreprise stratégique et contrôlée par l’Etat. »
FO Mines Energie condamne. « L’annonce (…) est condamnée sans réserve par FO Energie.
Faire payer les Français pour des investissements réalisés aux USA et en Grande Bretagne frise le scandale social et économique. FO Energie se prononce contre ces acquisitions (hasardeuses) et a contesté la stratégie de développement d’EDF, entreprise dont le capital est détenu à 80% par l’Etat. (…) Au moment où la crise financière touche tous les Français, où les salaires stagnent et les licenciements se multiplient, vouloir une augmentation de 20% des tarifs d’électricité sur 3 ans relève de la provocation, et conduirait à la paupérisation de la population française. »
La Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) s’interroge sur l’opportunité. « EDF est aujourd’hui une entreprise confrontée, comme toutes les autres, à une logique économique de rentabilité. On peut cependant s’interroger sur l’opportunité d’une hausse de 20% (…) pour ‘rattraper les retards d’investissements’, et ce alors même que les capitaux levés au travers de l’emprunt doivent précisément servir à cela. La mise en place d’une éventuelle « formule tarifaire qui permette de couvrir les frais de production » ne saurait financer les projets de développement à l’étranger ou dans d’autres secteurs jugés complémentaires. Il conviendra au gouvernement d’être particulièrement vigilant sur ce point afin de ne pas faire porter sur le consommateur, notamment entreprise, une charge indue. »
(Source : challenges.fr)
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