farm4.static.flickr.com/3146/2557284514_277ac…
Les « désobéisseurs » en procès…
pourquoi il ne faut pas
sanctionner Alain Refalo
Texte de soutien devant être lu lors de la commission de discipline d’Alain Refalo (il va de soi que je soutiens Erwan Redon et Sébastien Cazals de la même manière)
Cliquez ici pour obtenir le texte en PDF
On ne se déclare jamais « désobéisseur » à la légère dans l’Éducation nationale.
Et Alain Refalo, pas plus qu’un autre. Car le professeur est inscrit dans une institution dont la cohérence est essentielle pour l’avenir de la Nation. Il sait aussi que, si l’obéissance aveugle avilit les hommes, aucune société ne peut tenir sans s’imposer et imposer des règles qui régissent son fonctionnement. Il sait, enfin, en tant que pédagogue, que le chaos menace toujours un groupe quand aucune loi ne vient rappeler les humains à l’ordre du collectif…
Se déclarer « désobéisseur » est donc un acte grave et, si Alain Refalo l’a fait, c’est parce qu’il était convaincu que les instructions qui lui étaient données allaient à l’encontre de « l’intérêt supérieur de l’enfant ». Il faut, à ce sujet, rappeler, en cette année du vingtième anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, convention ratifiée par la France, que le Conseil d’État a accepté, en 1997, le principe de l’invocabilité de l’intérêt supérieur de l’enfant en cas de litige avec l’administration. Or, c’est bien cette invocabilité qui a été et est refusée à Alain Refalo. Ce dernier a, en effet, expliqué, à maintes reprises en quoi les dispositions qu’il était contraint d’appliquer étaient en contradiction, à ses yeux, avec les données de la chronobiologie, comme avec les principes pédagogiques énoncés dans de très nombreux textes qui restent toujours en vigueur, telle la Loi d’orientation sur l’Éducation du 14 juillet 1989.
En réalité, les instances du ministère de l’Éducation nationale n’ont jamais, en ce qui concerne les programmes de 2002, la suppression des cours du samedi matin et la mise en place de l’aide personnalisée, accepté d’engager un véritable débat de fond. Les décisions ont été prises et appliquées de manière brutale, sur des critères peu explicites, en invoquant essentiellement l’opinion publique, mais sans jamais proposer à cette dernière des scénarios alternatifs, ni ouvrir une véritable réflexion pédagogique. De même, jamais, à ma connaissance, l’administration de l’Éducation nationale n’a accepté d’engager un véritable dialogue avec Alain Refalo sur ces questions : les rappels à l’ordre dont il a fait l’objet ont toujours été purement administratifs, rappelant simplement l’impératif d’une application mécanique des textes, et cela en contradiction, d’ailleurs, avec de nombreuses recommandations qui, au sein de l’Éducation nationale, invitent les cadres à engager les acteurs dans une réflexion et des projets collectifs.
Or, face à cela, Alain Refalo a toujours argumenté et travaillé avec un grand souci de rigueur pédagogique… à laquelle on n’a fait qu’opposer une fin de non-recevoir. Après avoir été sanctionné par des retraits de salaire, Alain Refalo a encore fait des propositions constructives sur l’utilisation de l’aide personnalisée dans l’intérêt des élèves. Ses propositions auraient pu, auraient dû être entendues. Elles ne l’ont pas été. Ses propositions auraient pu, auraient dû être discutées. Elles ne l’ont pas été. Même si l’on juge le comportement d’Alain Refalo excessif et maladroit, que dire de celui d’une administration qui se montre aussi figée sur des modalités et incapable d’articuler celles-ci avec les finalités ? Que dire d’une Éducation nationale qui, au lieu de chercher en quoi elle peut permettre à chacun de ses membres d’apporter une contribution à l’œuvre commune préfère contrôler leur servilité ? Car, au fond, l’attitude d’Alain Refalo est bien celle d’un citoyen solidaire des ambitions de l’École de la République et qui veut prendre lucidement sa responsabilité dans la réussite de tous les élèves.
Lire la suite sur : meirieu.com/ – 7 juillet 2009