C’est dans les vieux chaudrons qu’on fait les meilleures soupes. Et voilà Nicolas Sarkozy qui enfourche son thème de prédilection : la sécurité. Grands moulinets et claquement de talonnettes. La chienlit à l’école, c’est fini. Jeudi, Nicolas Sarkozy a dévoilé une liste hétéroclite de mesures dans l’objectif de “sanctuariser” les établissements scolaires.
(source : agoravox.fr)
Dans le premier ensemble de propositions sur l’école, le président de la République a largement repris les propositions de Xavier Darcos. Exception faite des sanctions financières à l’encontre des parents d’enfants pris avec des armes. Pour le reste, il a réaffirmé que les personnels de direction et d’encadrement seront habilités à ouvrir les cartables et « si l’élève détient une arme, en tirer toutes les conséquences ». Et le ministre de l’Éducation de lui emboîter le pas en assurant que, dès juillet, un texte de loi rendra possible la fouille des cartables. Chaque recteur pourra également disposer d’une équipe mobile d’agents afin « d’épauler les chefs d’établissement en cas de difficulté ponctuelle » dans les lycées et les collèges. De même, la réserve civile de la police nationale sera renforcée par un recrutement ouvert à tous les citoyens afin de sécuriser les établissements. Le président de la République s’est contenté d’effleurer la question des portiques de sécurité à l’entrée des écoles : « Bien sûr qu’il est regrettable d’en arriver là. Mais comment agir autrement dans un tel contexte ? » a-t-il suggéré après avoir refait le scénario des récents faits divers et en agitant le spectre de la fusillade dans un collège allemand qui avait fait 16 morts, le 11 mars.
(source : humanite.fr)
A quelques jours des élections européennes, Nicolas Sarkozy et Xavier Darcos ressuscitent donc l’épouvantail sécuritaire.* Xavier Darcos, ministre de l’Education nationale, a affirmé jeudi qu’un texte législatif donnant habilitation aux responsables d’établissements scolaires pour la fouille des cartables sera prêt « dans les premiers jours de juillet ». Donc dans la précipitation, comme d’habitude, et sans doute pour éviter les manifestations ! Tout cela pour éviter de s’attaquer aux véritables causes de la violence.
Mais ni Sarkozy ni Darcos ne parlent des dizaines de milliers de suppressions de postes dans l’éducation nationale. Leur politique « renforce les phénomènes de violence : désectorisation, suppressions de dizaines de milliers de postes d’enseignants et de personnels vie scolaire, déstabilisation des équipes, dégradation des conditions de travail et d’étude, insuffisance du dialogue avec les parents… »
Autant de mauvaises réponses qui ne traitent aucun des vrais problèmes. Il faut au contraire des mesures éducatives, avec des personnels en nombre suffisant, bien formés pour dialoguer avec les élèves et leurs familles.
* « La peur de l’insécurité, on le sait, est toujours bénéfique pour la droite qui conserve une image plus répressive, alors que la gauche dégage une image plus sociale. Frédéric de Saint-Sernin, conseiller du président-candidat Chirac, avait, grâce à ses instruments sondages quotidiennement consultés, prédit les thèmes porteurs de la campagne électorale : « Ce que j’ai toujours dit au président, c’est que si nous arrivions à faire de la préoccupation des Français, à savoir l’insécurité, le thème de campagne numéro un, nous jouerions à domicile, sur notre terrain et que nous avions de bonne chance de l’emporter ». »
Nicolas Jallot – Manipulation de l’opinion – page 29 – 2007