Hôpital : la santé comme marchandise
Posté par communistefeigniesunblogfr le 16 mai 2009
Publié sur l’Humanite.fr – Alexandra Chaignon
« Hôpital, patients, santé, territoires » : le Sénat s’apprête à lifter le projet de loi sur l’hôpital, mais la colère des soignants persiste. Les désaccords vont au-delà de la seule réforme.
Dessin Thibault Roy
Aujourd’hui débute au Sénat, pour trois ou quatre semaines, l’examen du projet de loi tant décrié « Hôpital, patients, santé, territoires ». La discussion s’annonce houleuse, tant le débat est contesté à la fois par le secteur public que privé. Au coeur de la controverse figure la gouvernance à l’hôpital qui érige un patron tout puissant. Mais les désaccords vont au-delà de la seule réforme de l’hôpital. Ils concernent aussi le financement, les suppressions de postes ou encore l’égalité entre patients.
Pression sur les parlementaires
La commission des affaires sociales, qui a examiné plus de 1 400 amendements, se félicite d’avoir « remanié les règles de la gouvernance », pour calmer la communauté médicale : nouveaux pouvoirs au conseil de surveillance, modification du directoire, meilleure prise en compte des chefs de pôles dans les décisions, mise en place de communautés hospitalières de territoire sur la base du volontariat, etc.
Alors que la ministre de la Santé répète qu’il « n’y a pas lieu de s’inquiéter », l’opposition dénonce un texte qui, selon les communistes vise à sacrifier « la santé sur l’autel de la rentabilité ».
Le PS, s’il note « quelques avancées intéressantes qui ont donné un peu moins de pouvoirs aux directeurs », reste opposé à « la privatisation de l’hôpital public ». « Ce n’est pas avec la gouvernance qu’on va régler le problème du déficit des hôpitaux », souligne Yves Daudigny, sénateur de l’Aisne. Et tous, à gauche, dénoncent la « caporalisation des travaux », et la « pression que subissent les parlementaires ».
Côté médecin, le mécontentement persiste. Pour le Mouvement de défense de l’hôpital public (MDHP), les modifications prises ne changent rien. « Peu importe de changer le texte, encore faut-il savoir pourquoi on le fait », a déclaré le professeur André Grimaldi. Eux exigent que la loi soit modifiée et réécrite tout comme soit levée la procédure d’urgence parlementaire non justifiée par la situation hospitalière. Les praticiens sont demandeurs du report du volet hospitalier de la loi afin d’organiser des états généraux pour une vraie réforme du service public hospitalier.
Le privé n’est pas en reste
La journée de mobilisation du jeudi 14 mai à l’appel des organisations des personnels médicaux (CPH, AMUF, INPH, SNPHAR, IDEPP et MDHP ) et paramédicaux (CGT, FO, SUD CFTC, CGC) des hôpitaux publics s’annonce encore plus massive que celle du 28 avril dernier. Cette fois, le mouvement devrait rallier les personnels de la Sécurité sociale, des DDASS et des DRASS, de même qu’une frange des directeurs d’hôpitaux. Le syndicat FO des cadres hospitaliers a aussi rejoint le mouvement. Le privé n’est pas en reste. Des représentants de syndicats de médecins du secteur privé participant au secteur public hospitalier (PSPH) seront de la mobilisation, ainsi que les médecins du travail CFE-CGC et des libéraux, comme le Syndicat de la médecine générale.
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