France Inter : Intervention intempestive de Jean-Luc Hees
Posté par communistefeigniesunblogfr le 15 mai 2009
Ce matin, Jean-Luc Hees, le nouveau PDG de Radio France est intervenu en direct dans le 7-10 de France Inter pour répondre à Edwy Plénel, président fondateur de Médiapart et invité de la station. Cette intervention a provoqué de vives réactions de la CGT et du SNJ de Radio France.
Communiqué SNJ Radio France
Hees : troublante intrusion
Evènement inédit, ce matin, dans le 7-10 de France Inter.
Un invité, Edwy Plenel, estimait que la nomination directe des PDG de l’audiovisuel pouvait poser un problème. Jean-Luc Hees a déboulé en studio pour assurer lui-même son droit de réponse.
Le SNJ tient à apporter un triple commentaire :
1) Cette prise directe de l’antenne est de même nature que la nomination directe. Elle ne s’encombre pas de nuances. Elle bouscule les distances et les règles. Elle dit : « J’ai le pouvoir donc je fais ce que je veux ». C’est une grande nouveauté. Une nouveauté troublante.
2) Cette nouveauté n’est pas anecdotique. Elle crée un précédent. Ce précédent créera mécaniquement un climat d’inquiétude, qui poussera à l’autocensure. Pour éviter les incidents, la tentation sera grande de ne plus inviter ceux qui diront quelque chose de contrariant sur notre PDG, et sur celui qui l’a nommé.
3) Que cela plaise ou déplaise à Jean-Luc Hees, et avec tout le respect que nous continuons de lui porter, la question du mode de désignation du PDG de Radio France est bel et bien un problème énorme, ce problème pèse et pèsera sur ses épaules, qu’il le veuille ou non, et ce n’est pas en déboulant sur les antennes qu’il s’en déchargera. Sa seule alternative c’est de couper le cordon ombilical avec celui qui l’a fait roi, en résistant, y compris à lui-même.
Après cette intervention, la CGT Radio France a vivement réagi dans un communiqué. « L’indépendance de Radio France en danger ! Chacun à sa place ! Le nouveau Président a du mal à trouver la sienne » indique le syndicat. « On a jamais vu une telle situation à Radio France (…), un PDG qui déboule dans un journal pour prendre la parole », déplore la CGT. Rappelant que Jean-Luc Hees veut se positionner en tant que « garant de l’indépendance », le syndicat estime que ce dernier « prouve le contraire ce matin par ses actes, en s’imposant sur l’antenne d’Inter ». La CGT de Radio France « s’est longuement inquiétée de l’indépendance du nouveau PDG vis à vis de l’Elysée (…) Jean-Luc Hees (…) a demandé à être jugé sur ses actes. Et bien c’est fait. Le soupçon s’est matérialisé au quatrième jour… » conclut-elle
http://www.dailymotion.com/video/x9ahwp
Lu sur :
Une autre journaliste raconte les réactions de ses confrères ce vendredi matin dans les couloirs de France Inter : « Les gens étaient littéralement soufflés, abasourdis, incrédules. On s’est dit, c’est quand même pas possible. On parie sur une grosse erreur de sa part mais pas sur une volonté réelle de montrer son pouvoir. Une chose est sûre, ce qu’il s’est passé ce matin ne rassure personne. Il ne faudrait pas qu’il recommence ne serait-ce qu’une demi-fois, sinon nous serons tous vent debout.«
Contacté par Le Post, Edwy Plenel, ancien directeur de la rédaction du Monde et fondateur de Mediapart, invité ce vendredi matin sur France Inter pour parler de son livre « Combat pour une presse libre » revient également sur le principe de nomination de Jean-Luc Hees: « Moi, je n’ai pas été dérangé, c’est aux journalistes de France Inter qu’il faut demander s’ils l’ont été. Mais ce qui me dérange, c’est le fait que Jean-Luc Hees ait accepté ce poste en étant nommé par le chef de l’Etat. En faisant cela, il fait partie de ceux qui discréditent la profession de journaliste. Tous les journalistes doivent se battre pour garder leur indépendance. La France est quand même la seule démocratie où l’homme le plus puissant du pays s’arroge le droit de nommer le directeur d’un média. »
Obama-Sarkozy, deux visions de la presse en démocratie : l’édito vidéo de Thomas Cantaloube.
Thomas Cantaloube met en écho les paroles de Barack Obama sur la presse et celles de Nicolas Sarkozy. Le président américain cite Thomas Jefferson, troisième président des Etats-Unis : « Je préférerais vivre dans un pays qui ait des journaux et pas de gouvernement plutôt que dans un pays qui ait un gouvernement mais pas de journaux. » Le président français n’instaure qu’un rapport de dépendance, promesses de subventions à l’appui.
Obama voit clairement la presse comme un contre-pouvoir nécessaire, alors que Sarkozy la considère comme un instrument du pouvoir qu’il faut asservir (cf. les nominations récentes dans l’audiovisuel public et les conseils aux «amis» du privé). La preuve par les gestes, et surtout les mots :
http://www.dailymotion.com/video/x99jxk
Source : Mediapart
A lire sur :
http://www.mediapart.fr/journal/france/150509/liberte-d-informer-ce-qu-aboyer-veut-dire
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