30 mars 1854 : Loi sur la transportation des condamnés aux travaux forcés hors de France.
Posté par communistefeigniesunblogfr le 31 mars 2009
Cette loi instituait également le « doublage«
La loi du « doublage » oblige les prisonniers libérés à rester sur le continent le même temps que leur peine, si celle-ci n’excède pas 8 ans. Au-delà de 8 années de condamnation, c’est l’exil à perpétuité.
« Un homme ayant purgé sept ans était expulsé du camp. Pour lui, comme disaient les « doublards », le vrai bagne commençait avec sa libération. Tout d’abord, la ville de Cayenne lui était à jamais interdite. On le priait ensuite d’aller rejoindre les siens, au kilomètre sept, en pleine brousse et là, livré à lui-même, rongé par la vermine et la fièvre de se débrouiller comme il pouvait pour survivre. En 1921, Albert Londres en compta 2448 se traînant dans les rues de Saint-Laurent-du-Maroni et les paquets de brousses alentours.
Cette mesure honteuse avait répondu au souci de l’état français de coloniser la région. « Amendement et colonisation » clamaient les textes de loi. « A leur libération, les transportés pourront recevoir une concession ». Leur quantité (sept ou huit) était ridicule comparée au nombre des « libérés ». Cette chance perdue, ils n’avaient plus droit à rien et ne trouvaient de travail nulle part. Leur pire concurrence étant les bagnards, infiniment plus dociles et moins onéreux, employés par les compagnies françaises et étrangères qui opéraient en Guyane. Les particuliers embauchaient, pour rien presque, les « assignés », forçats de première classe, les comptoirs de commerce, en nombre réduit, une dizaine au total, en prenaient encore quelques-uns. La majorité n’ayant pas le droit de s’en aller pour trouver ailleurs du travail, végétait, couchait la nuit sous le marché couvert, arpentait les rues le jour à la recherche de quelque chose à manger, à fumer, à boire… S’ils ne trouvaient rien, ils volaient. Les malades, les blessés (les rixes étaient nombreuses), mourraient seuls, abandonnés dans un coin de brousse ou sur un trottoir. »
Philippe Nadouce
Le 22 novembre 1850,Louis Napoléon proclamait : » 6000 condamnés dans nos bagnes grèvent les budgets d’une charge énorme, se dépravant de plus en plus, et menaçant incessamment la société. « Il me semble possible de rendre la peine des travaux forcés plus efficace, plus moralisatrice, moins dispendieuse, et plus humaine en l’utilisant au progrès de la colonisation française « .
En 1854, Napoléon III officialisait l’existence des bagnes coloniaux. Pourtant depuis deux années déjà des prisonniers étaient envoyés en Guyane.
En banalisant le transfert de plusieurs milliers d’hommes vers les bagnes de Nouvelle-Calédonie et de Guyane, le sort des forçats était scellé. Pour eux, pas de retour prévu. Tout était mis en œuvre pour que les « rebuts de la société » peuplent malgré eux les colonies en servant de main d’œuvre corvéable, prenant ainsi le relais des esclaves affranchis depuis peu.
Pendant près d’un siècle, 70 000 hommes ont peuplé les geôles de Guyane mais le projet de colonisation forcée fut un échec et un désastre humain.
+ d’infos sur :
http://guyane.rfo.fr/infos/dossiers/le-bagne-de-guyane_294.html
Voir des photos sur :
http://gmarchal.free.fr/Le%20Bagne%20de%20Guyane/galerie1.htm
Vidéo :
Le bagne de Saint-Laurent du Maroni
http://www.dailymotion.com/video/x6n7z5
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