Italie : Les milices sont de retour

Posté par communistefeigniesunblogfr le 22 mars 2009

Lu sur le site : ICARE

Dans un nombre croissant de villes et villages, des habitants se regroupent pour organiser des « rondes citoyennes » censées soulager la police de certaines tâches. Mais le zèle de certains de leurs membres suscitent de nombreuses inquiétudes.

16/03/2009 – Ari, 1 380 habitants et 110 volontaires pour les rondes, possède un bistrot, deux églises, une boucherie et trente et un monuments dédiés aux victimes du terrorisme. En mai 2008, une série d’événements ont secoué ce paisible village des Abruzzes. Une nuit, un couple de vieillards à qui on avait administré à chacun un narcotique a été cambriolé. Un sentiment jusque-là inconnu s’est alors s’insinué dans le village : la peur. La réaction collective d’Ari a été de créer un groupe de « vigiles sans armes », munis de torches, de mégaphones, de gilets à bandes réfléchissantes et d’une mallette de premier secours. Dans les Abruzzes, les rondes autogérées par les habitants fleurissent comme les prés au printemps. Le préfet de Chieti, le chef-lieu, a rappelé que ces rondes sont illégales. Mais l’assemblée communale a brandi l’avis favorable de ses propres avocats, qui ont conseillé au village de présenter ces rondes comme des actions de « défense passive » pour se mettre à l’abri des critiques du préfet.

Plusieurs habitants d’Ari se sont d’ailleurs portés volontaires. Aucune formation spécifique n’est requise. Toute personne âgée de 18 à 70 ans est déclarée apte et enrôlée. « J

A Modène, dans le Nord, les portiques qui enjambent les trottoirs sont encore déserts, les commerces et les cafés lèvent un à un leur rideau de fer. Ercole Toni rentre chez lui, après avoir passé la nuit à effacer tags et graffitis. Pendant que la ville dormait, ses compagnons de ronde et lui ont nettoyé quatorze murs. « C’est mon devoir de citoyen », déclare-t-il. C’est précisément l’organisation de rondes de citoyens du type de celles de Modène qui est aujourd’hui au cœur de la polémique. Les participants n’expriment guère de divergences. « La ronde doit être l’expression de l’esprit civique et non de la peur », estime Toni. Modène compte, comme tant d’autres villes moyennes, quelques quartiers sensibles. « Dans ces zones-là, seule la police est compétente. Là, les rondes ne servent à rien, elles ne font que des dégâts. Notre tâche consiste plutôt à soulager les forces de l’ordre de tâches qui peuvent être accomplies par n’importe qui d’autre. »

« Deux extrémismes face à face. » Voilà ce qu’on dit à Modène de Secours social et Sécurité, le comité de volontaires pour les rondes créé par le politicien de droite Stefano Benedetti. Une vision des choses qui atteste de l’état d’esprit ambiant. Outre des gilets fluo et des sifflets, l’équipement prévoit aussi des bombes de gaz lacrymogène, « pour se défendre des agressions ». Benedetti énonce les compétences des adhérents : un gardien de prison à la retraite, un ancien parachutiste, un veilleur de nuit en activité, un petit groupe d’universitaires adhérents à des associations proches du parti d’extrême droite Forza Nuova. Ils envisagent de demander au préfet l’autorisation de se servir de menottes. « Nous sommes des gens unis par la volonté de résoudre le problème de la criminalité », dit-il. Des propositions qui, après avoir été, comme il se doit, communiquées par voie de presse, dans une parfaite logique d’opposition des extrêmes, ont suscité la réaction des Comités de soutien à la résistance – Pour le communisme (CARC), proches de l’extrême gauche. Dans leur communiqué, c’est l’ironie qui domine : « Voilà les milices de la période fasciste réhabilitées. On légitime ceux qui actuellement agressent et tuent des émigrés, des antifascistes, des gays et des lesbiennes. » « Si ça continue, on va nous aussi proposer nos vigies populaires, qui empêcheront de nuire ces gens qui ont le salut romain un peu trop facile », poursuit Marco Lenzoni, membre des CARC. « Ils prétendent que notre nom évoque les milices fascistes, eh bien, qu’ils viennent nous le dire en face ! », réplique Stefano Benedetti.

Marco Imarisio
Le Courrier international

Laisser un commentaire

 

ahmed remaoun |
Fabrice FRICHET |
LE BLOG EDUCATIF |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | ALGERIE/ PARTIS POLITIQUES/...
| MATTNA
| Bloc-notes de Raoul d'Andrésy