L’eau – Un droit humain et plus encore

Posté par communistefeigniesunblogfr le 18 mars 2009

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Extrait d’une contribution présentée en juin 2007 à l’université de Zurich lors du colloque

 

« L’eau et l’avenir de l’humanité ».

 

Source :

http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=276

Horizons et Débats (Zurich / Suisse) – Journal favorisant la pensée indépendante, l’éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains

Les ressources deviennent rares

Là où l’eau manque, la faim, la pauvreté et les maladies augmentent, les déserts s’étendent, les jardins dessèchent, les gens doivent s’enfuir. Des émeutes sociales, des tensions et des conflits sont les conséquences de la concurrence qui s’aggrave autour de ce bien rare. Quand on thématise la pénurie des ressources, c’est l’eau qui vient en premier lieu. Celui qui a l’eau, a le pouvoir.
Des ressources qui se raréfient et la dégradation de l’environnement font sans doute partie des défis de la politique de sécurité de l’avenir. [...]

Celui qui utilise l’eau comme une arme viole le droit international

Autrement dit : à l’avenir, la politique du développement doit être comprise plus fortement comme une politique de sécurité préventive. La politique du climat et celle de l’énergie sont les instruments les plus importants de la prévention de crises et du maintien de la paix. [...]

Le droit humanitaire doit protéger avant tout la population civile lors de conflits armés. Pour la survie des personnes protégées les conditions de l’existence doivent être assurées. L’eau en fait partie. [...]

Celui qui utilise l’eau comme une arme ou qui met en jeu l’existence d’un État en détériorant sans gêne ses eaux agit contre le droit international.

[...] l’eau a depuis toujours été utilisée pour mener la guerre et  – malgré le droit international – cela se fait toujours.

Des conflits autour de l’eau sont souvent d’une grande portée et durent longtemps. L’exemple le plus récent dans lequel notre pays (la Suisse) est impliqué est le barrage d’Ilisu au bord du Tigre en Turquie. Il sera construit entre autres «grâce» à une garantie contre les risques à l’exportation de la Suisse. L’approvisionnement en eau en Syrie et en Irak sera sensiblement touché par ce projet. En Turquie, plus de 100 000 personnes devront être déplacées de force et l’un des sites archéologiques les plus anciens de l’humanité, la petite ville de Hasankeyf, sera noyée dans le réservoir du barrage.

«Pas d’eau – pas d’avenir»

Avoir suffisamment d’eau propre pour tous les hommes de cette terre – pas «seulement» dans le camp de réfugiés –, c’est une des tâches les plus importantes à laquelle la communauté internationale se voit confrontée dans ce siècle. Ou, comme Kofi Annan l’a formulé encore une fois avec insistance peu avant sa démission comme Secrétaire général de l’ONU :  «La crise universelle de l’eau est devenue le grand défi pour la communauté internationale». Le programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a ajouté : «La crise de l’eau douce a les mêmes dimensions et le même potentiel de menace que le changement du climat.» En d’autres termes : l’eau est devenue pour l’humanité la question cruciale. «Pas d’eau – pas d’avenir», c’est la conclusion de Kofi Annan. [...]

Comme premier objectif du Millénaire, la communauté internationale s’est engagée à diminuer de 50% – jusqu’en 2015 – le nombre de personnes qui vivent dans la plus grande pauvreté, le nombre des affamés et le nombre des personnes sans accès à l’eau et aux installations sanitaires minimes. C’est un fait incontesté que sans atteindre l’objectif de l’eau, les autres objectifs du Millénaire ne peuvent pas non plus être atteints. Etre pauvre veut aussi dire être pauvre en eau, veut dire l’accès manquant aux ressources naturelles. Pas d’eau propre veut dire haute mortalité enfantine. D’après le Fonds des Nations Unies pour l’enfance UNICEF chaque année 1,8 millions d’enfants meurent à cause de maladies dues à l’eau.

[...]

 

Les femmes – porteuses d’eau de ce monde

Carrying Water by magnusfranklin

L’égalité des sexes et la formation de base pour les filles, deux objectifs de développement importants, ne peuvent être atteints que par une nouvelle politique de l’eau. Les femmes sont les porteuses d’eau de ce monde. Pour des millions de femmes, chercher de l’eau est un dur travail quotidien. [...] L’école et la formation et avec cela le développement et l’autonomie économique n’ont pas de place après un tel tour de force d’énergie et de temps. [...]

La politique de l’eau, c’est la politique des droits de l’homme

C’est clair: la crise de l’eau n’est pas en premier lieu une tâche pour des planificateurs et pour des ingénieurs. [...]

Le transport de l’eau par magnusfranklin source : Global Voices

 L’eau a besoin du primat de la politique. Il faut ce qu’on appelle aujourd’hui «Good Governance». Good Governance a besoin de bases juridiques qui se fondent sur des droits universellement reconnus. Il faut surtout la volonté politique d’agir. [...]

Il ne s’agit là pas seulement d’une politique de développement classique. La politique de l’eau est tout aussi bien une politique des finances, de l’agriculture, du commerce et de l’économie, de l’énergie et de l’environnement, une politique sociale, de santé et d’égalité. Avant tout, la politique de l’eau est une politique des droits de l’homme.[...]

 Il y a un an, lors du 4e Forum mondial de l’eau à Mexico City, Steiner ( le nouveau directeur du programme de l’environnement de l’ONU, PNUE)  a formulé une exigence claire : Le droit fondamental à l’eau doit être fixé dans une loi. La conférence des ministres du Forum a cependant refusé d’introduire cette exigence dans la déclaration finale, comme c’était déjà le cas lors du Forum mondial de l’eau 2003 à Kyoto au Japon. (Qu’en sera-t-il cette année ?)

Le droit à l’eau

«L’accès à l’eau est un droit fondamental de l’homme», écrit le PNUE. Or, pour 1,1 milliards de personnes, avoir l’eau qui suffise pour la survie, qui soit propre, acceptable et d’un prix abordable est tout au plus un espoir pour l’avenir et non pas une réalité du présent. [...]

[...] la commission de l’ONU pour les droits économiques, sociaux et culturels du Conseil économique et social des Nations unies (Ecosoc) [...] constate que le droit à l’eau est la condition nécessaire pour la réalisation de tous les autres droits de l’homme et pour une vie en dignité. [...] Dans l’introduction, la commission écrit : «L’eau est une matière première limitée et un bien public fondamental pour la vie et la santé. Le droit humain à l’eau est inéluctable si les hommes veulent vivre en dignité. C’est une condition de base pour la réalisation des autres droits de l’homme.» [...]

Avoir droit à l’eau transformerait les solliciteurs en personnes ayant des droits légitimes, transformerait la bienfaisance en un accomplissement d’un devoir et en justice. L’eau ne doit pas couler goutte à goutte comme aumône mais comme un droit. Le droit international exige aujourd’hui la justice aussi pour l’individu. Or, ce n’est pas une prophétie qui se réalise par elle-même.  Il faut espérer que les acteurs politiques en prendront conscience et passeront à l’acte afin de trouver une résolution coopérative du problème.

 [...]

Conclusion

L’eau a besoin d’action politique. L’eau comme base de toute vie demande une éthique de l’action qui soit la base du développement durable. Une politique responsable de l’eau doit être marquée des principes de la prévoyance et du respect, et de la pensée de la justice et de la solidarité. Avec une convention de l’eau, on n’ouvrirait pas les portes du paradis. Mais elle serait certainement une contribution à la protection de nos bases de vie, à une vie digne de tous les hommes sur terre et surtout des générations à venir. Sans eau, l’humanité reste sans avenir. La planète bleue, la Terre, vit de l’eau.  

(Traduction Horizons et débats)

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