Oui à une véritable sécurité européenne,
Non à l’alignement atlantiste sous l’influence
des USA
Au prochain sommet de Strasbourg-Kehl, à l’occasion de la commémoration du 60e anniversaire de la création de l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord), Nicolas Sarkozy annoncera le retour complet de la France dans son commandement intégré.
C’est une décision lourde de conséquences et contraire aux véritables intérêts de la France et de son peuple.
En 1966, le général de Gaulle avait décidé de quitter le commandement militaire, tout en restant dans l’Alliance . C’était au nom de la souveraineté nationale, pour refuser d’être entraîné dans des guerres qui ne seraient pas les nôtres et pour ne pas accepter la place écrasante occupée par les États-Unis dans les organismes dirigeants.
20 ans après la chute du mur de Berlin et la dissolution du pacte de Varsovie, quelle est aujourd’hui la raison d’être de l’OTAN, organisée au temps de la « guerre froide » pour contrer le bloc soviétique ?
Les États membres de l’OTAN ont d’ailleurs engagé une réflexion stratégique pour transformer et le rôle et les missions de l’Alliance atlantique. Alors, pourquoi vouloir intégrer ce commandement militaire sans en connaître les nouvelles orientations ? Serait-ce pour faire allégeance aux États-Unis ?
Même avec le président Obama, l’objectif des États-Unis est de conserver une influence importante en Europe, au service de leur politique d’intervention.
Cette nouvelle alliance n’aura jamais la légitimité de l’ONU où tous les États sont représentés. Elle ne pourrait qu’aggraver les tensions dans des conflits fondés le plus souvent sur les inégalités de développement. Pourquoi attiser les tensions avec la Russie avec cette politique d’élargissement suscitée par l’OTAN en direction des anciens pays membres du pacte de Varsovie ? Pourquoi vouloir déployer des missiles sur leur territoire ?
La décision précipitée de Nicolas Sarkozy est surtout néfaste et dangereuse pour la France.
A l’étranger, nous serions moins crédible auprès de nombreux pays émergents – Inde, Chine, Brésil, Moyen Orient, Afrique - pour poursuivre notre rôle singulier dans la préservation de la paix.
Cette réintégration de la France dans le commandement militaire exigerait également une augmentation considérable de notre participation financière et un apport en personnels estimé à plus de 2 000 officiers et sous-officiers ; autant de moyens en moins pour une politique de défense européenne autonome. Ainsi, contrairement à ce que prétend le président de la République pour lequel il faut « plus d’OTAN pour avoir plus d’Europe« , notre pays aurait beaucoup à perdre de son identité et de ses intérêts en s’intégrant davantage dans l’Alliance atlantique.
Devant les protestations de la gauche et du camp gaulliste, le président a dû accepter un débat public national et un vote du Parlement.
- Dans ce débat, les parlementaires communistes voteront contre l’alignement de la France sur les États-Unis et ils refuseront la reconstitution des blocs militaires.
- Ils demanderont la création d’une véritable organisation européenne de sécurité fondée sur la prévention des crises, la résolution politique des conflits, le respect du droit international et des résolutions de l’ONU.
- Ils exigeront aussi que cette décision soit soumise à l’approbation du peuple lui-même par référendum.
Débat parlementaire et référendum peuvent être, dans cette campagne des élections européennes, deux voies démocratiques pour avancer sur le chemin de la paix et du désarmement dans une Europe débarrassée de la logique des blocs et des dogmes du capitalisme.
d’après l’article de M. Demessine dans l’Humanité du mardi 10 mars
Pour information :
François Fillon a d’ailleurs lui-même varié sur ce dossier. Secrétaire national du RPR à la défense de 1984 à 1988, il rédigea en 1990 une brochure dans laquelle il détaillait son opposition à une « européanisation de l’Otan qui continuerait à fonctionner sur le mode de l’intégration ». Expliquant : « La participation de la France au replâtrage de l’Alliance, présentée par certains comme un moyen de rééquilibrer l’ensemble atlantique, s’inscrit à contretemps de l’histoire (…). Il serait paradoxal que la France choisisse précisément le moment où la politique des blocs touche à sa fin (…) pour rejoindre une organisation militaire intégrée qu’elle a quittée afin d’échapper aux contraintes d’un protectorat abusif. »
Lu sur le blog de Laurent Boissieu : http://politique.hautetfort.com/archive/2009/03/16/otan-fillon.html