Simone Weil aurait eu 100 ans le 3 février
Posté par communistefeigniesunblogfr le 24 février 2009
Née à Paris dans une famille juive non pratiquante, Simone Weil aurait eu 100 ans le 3 février 2009. Cette agrégée de philosophie enseigna notamment au Puy puis à Saint-Étienne où , en 1932, elle entra en contact avec le petit groupe des syndacalistes-révolutionnaires de la Loire. Cette même année, elle se rendit en Allemagne où des hommes luttaient contre la montée du nazisme. En 1934, elle entra comme « manoeuvre sur la machine » dans une usine et partagea la vie de ses compagnes d’atelier.
« Il y a deux facteurs, dans cet esclavage : la vitesse et les ordres. La vitesse : pour « y arriver » il faut répéter mouvement après mouvement à une cadence qui, étant plus rapide que la pensée, interdit de laisser cours non seulement à la réflexion, mais même à la rêverie. Il faut, en se mettant devant sa machine, tuer son âme pour 8 heures par jour, sa pensée, ses sentiments, tout. Est-on irrité, triste ou dégoûté, il faut ravaler, refouler tout au fond de soi, irritation, tristesse ou dégoût : ils ralentiraient la cadence. Et la joie de même. Les ordres : depuis qu’on pointe en entrant jusqu’à ce qu’on pointe en sortant, on peut à chaque moment recevoir n’importe quel ordre. Et toujours il faut se taire et obéir. L’ordre peut être pénible ou dangereux à exécuter, ou même inexécutable ; ou bien deux chefs donner des ordres contradictoires ; ça ne fait rien : se taire et plier. Adresser la parole à un chef – même pour une chose indispensable – c’est toujours, même si c’est un brave type (même les braves types ont des moments d’humeur) s’exposer à se faire rabrouer ; et quand ça arrive, il faut encore se taire. Quant à ses propres accès d’énervement et de mauvaise humeur, il faut les ravaler ; ils ne peuvent se traduire ni en paroles ni en gestes, car les gestes sont à chaque instant déterminés par le travail. Cette situation fait que la pensée se recroqueville, se rétracte, comme la chair se rétracte devant un bistouri. On ne peut pas être « conscient ». » (extrait d’une lettre adressée à Albertine Thévenon et publiée dans La condition ouvrière)
En 1936, elle rejoignit le Front républicain espagnol. C’est deux ans plus tard qu’elle connut sa première révélation mystique à l’abbaye de Solesmes. En 1942, après un bref exil forcé aux Etats-Unis, elle revint aider les Forces françaises libres en Angleterre. Elle y mourut le 24 août 1943.
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